Maghreb arabe : Quand Kaïs Saïed fait le lit des manigances algériennes


Quelques semaines après sa mise en place à Alger, en marge du 7ème sommet des chefs d'État et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) organisé du 29 février au 2 mars 2024, le nouveau bloc maghrébin formé par l'Algérie, la Libye et la Mauritanie a tenu sa première réunion officielle ce lundi 22 avril 2024 à Tunis.

C'est ainsi sur invitation du président tunisien Kaïs Saïed que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le président du conseil présidentiel libyen, Mohammed el-Menfi, se sont retrouvés dans la capitale tunisienne aux côtés de leur hôte du jour pour ce qui a été présenté dans un communiqué comme étant "une réunion consultative entre les dirigeants des trois pays frères".

Officiellement, il s'est agi pour les trois responsables d'"unifier et [d']intensifier les efforts pour relever les défis économiques et sécuritaires" communs, mais personne n'est dupe : c'est bel et bien un front commun contre le Maroc qui s'est constitué dans la région.

En effet, l'Union du Maghreb arabe (UMA) est en elle-même parfaitement à même d'assouvir les objectifs que le nouveau bloc prétend viser. En outre, Rabat n'a pas été convié par Kaïs Saïed, alors que si la Mauritanie n'a elle aussi pas été présente, c'est seulement à la suite du refus initial essuyé par Abdelmadjid Tebboune de faire partie du bloc.

Pourtant pas connue pour porter un biais pro-marocain, loin s'en faut, l'Agence France-Presse (AFP) a elle-même décrit dans une dépêche le bloc comme se caractérisant d'abord et avant tout par l'absence du Maroc. Les dés sont pipés, pour ainsi dire.

Mais si c'est de notoriété publique que l'Algérie s'est mise en tête, par stratégie de diversion, d'attaquer le Maroc sur tous les fronts depuis le mouvement de protestation du Hirak de 2019-2020, lequel Hirak avait eu pour première revendication la fin de l'État militaire dans la voisine de l'Est et a donc directement pris à partie le pouvoir des généraux, ce sont avant tout les agissements de Kaïs Saïed qui posent des questions.

Le président tunisien fait ainsi, depuis un certain temps, montre d'une hostilité incompréhensible à l'égard du Maroc, même au regard du soutien financier dont il dispose désormais auprès du régime algérien depuis que les institutions financières internationales ont coupé le robinet à la Tunisie (un prêt de 300 millions de dollars lui avait, à titre d'indication, été consenti en décembre 2021 de la part de l'Algérie). Fin août 2022, Kaïs Saïed avait, on le rappelle, fait un accueil digne d'un chef d'État au secrétaire général du mouvement séparatiste du Front Polisario, Brahim Ghali, ce qui fait que depuis lors le Royaume n'a plus d'ambassadeur à Tunis, après le rappel pour consultations de Hassan Tarik.

Au début de l'automne 2023, il avait été question d'une reprise, notamment à la suite des déclarations prônant l'apaisement de la part du ministre des Affaires étrangères tunisien, Nabil Ammar. Ce dernier avait alors même indiqué que concernant le Sahara marocain, la Tunisie n'avait pas changé de position - sous-entendu, même si Brahim Ghali a été reçu par Kaïs Saïed.

Mais cette fois, la hache de guerre semble clairement déterrée. Ce qui est dommage pour les relations d'amitié maroco-tunisiennes (qui, heureusement, continuent toujours d'exister entre les peuples, contrairement à ce qui s'est passé dans le cas de l'Algérie du fait de la mise en branle de la machine de propagande militaire algérienne), mais aussi dommage pour la Tunisie en tant que pays, nation multiséculaire qui, par la faute d'un président totalement obnubilé par le fait de se maintenir au pouvoir, a mis son pays sous coupe étrangère.

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