Trois questions à Aziz Hlaoua, chercheur en anthropologie a l’institut des études africaines euro-méditerranéennes et ibéro américaines, université Mohamed V de Rabat

Aziz Hlaoua : "La Zaouïa est un acteur considérable sur la scène politico-religieuse marocaine"


 

Quel est le rôle des Zaouïas dans la réalité politique du Maroc ?

Les zaouïas conservent toujours un pouvoir puissant et important, car la monarchie considère le soufisme comme une composante importante de la religiosité marocaine. Davantage de pouvoir est évidemment accordé à ces zaouïas, avec un encouragement clair de la part des autorités. La volonté de l’Etat est celle de renforcer l’islam marocain ou du juste milieu, dont les valeurs sont transmises par ces confréries.

Le ministre actuel du ministère des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, disciple de la Boutchichiya, justifie, d’ailleurs, le retour au soufisme comme une réponse à une demande sociale et intellectuelle, mais aussi au rigorisme religieux. La Zaouia est un acteur considérable sur la scène politico-religieuse marocaine. Elle pèse désormais dans la balance de la représentativité de l’islam marocain.

Quid de leur pouvoir ou de leur fonction dans la structuration du champ religieux ?

Depuis le début des années 2000, la nouvelle politique de consolidation du champ religieux vise, d’une part, à renforcer une unité doctrinale tripartite basée sur un rite malikite, une doctrine ash‘arite, un soufisme composite et, d’autre part, à contrecarrer l’influence des doctrines politico-religieuses concurrentes, notamment le wahhabisme et différentes composantes de ce que l’on désigne par « islam politique ». Dans ces nouvelles reformulations du politico-religieux, le soufisme, sous différentes expressions, surtout confrériques et « maraboutiques », prend une place centrale.

Le rôle social des Zaouias est-il encore important au Maroc ?

Tout à fait, il y le rôle de l’arbitrage des conflits et la cohésion sociale au sein de la communauté spirituelle. Il y a également la prise en charge matérielle et éducative des adhérents et de leur famille. L’enseignement est, de ce point de vue, un autre aspect majeur dans la fonction sociale des confréries, car il permet à plusieurs personnes de gagner leur vie grâce aux activités liées aux Zaouïas.

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