Vaccin SPUTNIK-V: Un produit efficace qui se développe à la vitesse grand V

Le Maroc a commandé 1 million de doses du vaccin russe Sputnik-V dont les premières livraisons sont prévues dans les prochaines semaines. Focus sur ce vaccin efficace à plus de 91%, selon la revue scientifique "The Lancet".

Dans une interview accordée à l’agence espagnole EFE mi-mars 2021, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, avait annoncé une commande d’un million de doses du Maroc auprès de la Russie, pour l’acquisition d’un premier lot du vaccin Sputnik- V. Cette quantité devrait être livrée en deux temps, en mars et en avril, selon lui. Et si nous faisions connaissance avec ce vaccin russe? Sputnik-V, homonyme du premier satellite soviétique, a été conçu par une équipe de 70 chercheurs de l’institut de recherche russe Gamaleya.

C’est la déclinaison d’un autre vaccin utilisé contre le virus Ebola, à l’instar du procédé utilisé par le laboratoire AstraZeneca et l’université d’Oxford qui se sont basés sur un adénovirus. Il a été approuvé le 11 août 2020 par les autorités russes, devenant ainsi le premier vaccin à être approuvé dans le monde, plus de cinq mois après l’avènement de la pandémie. Cette homologation étatique avant même l’achèvement des tests cliniques de la phase 3 avait suscité un tollé dans la sphère internationale, notamment en Europe, où plusieurs Etats avaient critiqué cette démarche du gouvernement de Vladimir Poutine.

Il a fallu attendre l’avis de la revue médicale The Lancet, pour rassurer les sceptiques sur son efficacité. D’après cette célèbre revue scientifique, ce vaccin est efficace à plus de 91,6% contre les formes asymptomatiques du Covid-19, et à peine moins pour les nouveaux variants. Mieux, il procure une protection d’environ 73% quinze jours après la première dose et ses effets indésirables sont très limités.

Un prix attractif
«Le développement du vaccin Sputnik-V a été critiqué pour sa précipitation, le fait qu’il ait brûlé des étapes et une absence de transparence. Mais les résultats rapportés ici sont clairs et le principe scientifique de cette vaccination est démontré», indique une note jointe à l'étude la revue scientifique.

D’après le ministère russe de la Santé, Sputnik-V, qui confère «une immunité longue», doit être pris en deux doses sur une intervalle de 21 jours, pour être efficace. L’autre avantage, et pas des moindres, c’est son prix attractif, estimé à 10 euros la dose. Un coût abordable, en particulier pour les pays en voie de développement comme le Maroc.

En dépit de ces assurances, l’Union européenne affiche toujours la méfiance envers ce vaccin, considéré comme un outil de soft power. L’Agence européenne du médicament (AEM) a annoncé le 4 mars dernier avoir entamé l’examen du vaccin russe, et qu’elle donnera son avis dans deux mois. La Russie avait réagi en déclarant être prête à fournir des lots de son bijou à 50 millions d’Européens dès le mois de juin. Seuls des pays tels que la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ont décidé de l’utiliser sans attendre le feu vert de l’AEM. Le fonds souverain russe RDIF (Russian Direct Investment Fund), qui a financé le développement du produit, a annoncé, le 15 mars, avoir conclu des accords de production avec des entreprises basées en Italie, en France, en Espagne, et en Allemagne.

La Chancelière allemande Angela Merkel a pris le contre-pied de ses homologues en affirmant être prête à se faire livrer des vaccins russes via une commande européenne groupée. «Nous ne forçons personne à faire quoi que ce soit (...) mais nous nous interrogeons sur les intérêts que défendent ces gens, ceux des entreprises pharmaceutiques ou ceux des citoyens européens? », a récemment déclaré Vladimir poutine, en réponse aux propos du commissaire européen Thierry Breton, qui avait déclaré sur la chaîne française TF1 que l’Europe n'avait «pas besoin» du vaccin russe.

«Sputnik-V est un vaccin en complément, nous avons 350 millions de doses», avait rajouté le président russe, non sans préciser que «les Russes ont un mal fou à le fabriquer et (qu') il faudra sans doute les aider». Une manière pour le «tsar» du Kremlin de sublimer sa star, dont les commandes se développent à la vitesse grand V.

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