Mémoire: Réhabilitation du bagne de Tazmamart

Alors qu’il était question de la raser complètement, la célèbre prison de Tazmamart, où ont été torturés des prisonniers politiques dans les années 70, 80 et 90, s’apprête à être réhabilitée. Un projet qui va engloutir un budget public de 12 millions de dirhams.

Le sinistre bagne de Tazmamart sera réhabilité par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Une délégation de cette institution publique, que préside Amina Bouayach, s’est rendue sur les lieux, samedi 18 décembre 2021. Conduite par Mme Bouayach, cette délégation s’est informée sur l’état d’avancement des travaux des différentes composantes de ce chantier.

Ce projet, qui est inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l’Instance Équité et Réconciliation (IER), porte notamment sur la réhabilitation des bâtiments existants sur le site, la construction d’un mémorial et l’aménagement extérieur du site. Tous les bâtiments existants sur le site ont été diagnostiqués en vue de leur réhabilitation pour l’intérêt communautaire et sont destinés principalement aux habitants du douar Tazmamart et ses environs, notamment pour l’enseignement, les cours d’alphabétisation, les coopératives et les activités culturelles.

Cette visite intervient après celles effectuée depuis plus d’une année au site de ce chantier important par une délégation du CNDH. D’un coût global de 12 millions de dirhams, le projet de réhabilitation du site de Tazmamart semble selon ses concepteurs se trouver dans une phase avancée de réalisation.

Un brûlot interdit
Prison secrète où ont été torturés des prisonniers politiques marocains du temps du défunt Roi Hassan II, Tazmamart symbolisait parfaitement les années de plomb. Réputée pour ses conditions d’incarcération très difficiles, voire inhumaines, elle se trouve dans une zone désertique près de Er-Rich, entre Errachidia et Midelt. Tazmamart était surnommée l’Alcatraz marocain d’où il était impossible de s’en évader à cause du désert très aride qui l’entourait.

Le monde découvrait son existence pour la première fois grâce au livre, Notre Ami le Roi, de l’écrivain français Gilles Perrault, sorti en 1990. Un brûlot interdit au Maroc et dont les informations ont été fournies par Christine Daure Serfaty, épouse d’Abraham Serfaty, tous deux décédés.

La révélation de cette prison avait choqué le monde occidental. De nombreux anciens prisonniers de Tazmamart ont raconté leur calvaire dans ce bagne où l’horreur régnait en maître. Il y a notamment Ahmed Marzouki, dans son livre Cellule 10 dans lequel il a rapporté les détails de la torture qu’il a subie. Un livre poignant suivi par d’autres écrits et ouvrages historiques.

Le fait que le CNDH le transforme en espace mémorial pourrait probablement rappeler aux générations actuelles et aux générations futures les horreurs vécues par les anciens prisonniers politiques et honorer ainsi leur mémoire, mais son éloignement ne justifie pas une telle action avec un budget conséquent de 12 millions de dirhams. Cet argent aurait pu être utilisé pour améliorer les conditions de vie des populations environnantes qui vivent dans l’extrême pauvreté.

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