L'inflation: un aveu d'impuissance ?


Comme dans une grande partie du monde, la guerre en Ukraine, la monte?e des tensions ge?opolitiques et la reconfiguration des chai?nes de valeur mondiales ont entrai?ne? une pousse?e inflationniste tire?e par l’offre, avec une croissance annuelle de l’indice des prix a? la consommation (IPC) atteignant son pic de 8,3% vers la fin de 2022.

Certes, les prix de l’e?nergie et ceux des matie?res premie?res sont en recul, ce qui ne va pas sans atte?nuer l’impact de l’inflation sur certains agents e?conomiques.
Ne?anmoins, il reste que la pousse?e inflationniste n’a pas impacte? tous les agents e?cono- miques de la me?me fac?on. Ce sont les me?nages pauvres, vulne?rables et les ruraux qui ont souffert et continuent a? souffrir de manie?re disproportionne?e de l’impact de la pousse?e inflationniste. Cette dernie?re a des effets he?te?roge?nes sur le bien-e?tre des me?nages en fonction des biens et services qu’ils consomment. En effet, les calculs de la banque mon- diale(«Lerapportdesuividelasituatione?conomiqueauMaroc-Hiver2022-23») montrent que «l’inflation annuelle peut e?tre 30 % plus e?leve?e pour le de?cile le plus pauvre que pour le de?cile le plus riche. En outre, les pressions inflationnistes pourraient e?tre plus intenses dans le milieu rural, ou? les niveaux de pauvrete? sont e?galement plus e?leve?s», nous disent les experts de la Banque mondiale. Ces e?carts d’inflation sont principalement dus a? l’impact de la hausse des prix des produits alimentaires, qui repre?sentent la part la plus importante du panier de consommation des me?nages les plus pauvres.

Face a? cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas reste?s les mains croise?es et sans rien faire. Aussi, Bank-Al-Maghrib, a? l’instar des autres banques centrales ame?ricaine et europe?enne- me?me si dans un contexte diffe?rent- a, en effet, opte? pour la prudence, en relevant les taux directeurs tout en maintenant une politique accommodante.

Est-ce suffisant ? Rien n’est moins su?r, car Le gouvernement n’a pas he?site?, a? re?pondre aux chocs d’offre actuels par un ensemble de mesures visant a? pre?server le pouvoir d’achat des me?nages par le biais des subventions de prix qui ont e?te? cou?teuses. La re?ponse contra- cyclique du Maroc s’est articule?e principalement autour du maintien des prix re?glemente?s pre?existants et, dans une moindre mesure, par un appui financier ad hoc a? divers secteurs de l’e?conomie, notamment le transport, le tourisme, l’agriculture et l’e?levage.

De manie?re ge?ne?rale, cet ensemble de mesures a contribue? a? pre?server pre?s d’un quart du panier de consommation de la pousse?e inflationniste, ce qui a ne?cessite? la mobilisation de de?penses publiques supple?mentaires pour un montant de pre?s de 2 % du PIB, principale- ment sous la forme de subventions.

Cette approche a permis d’e?viter une augmentation plus prononce?e de la pauvrete? et de la vulne?rabilite?.A l’avenir, cependant, des instruments de protection sociale mieux cible?s (tels que des transferts en espe?ces) constitueraient un outil efficient pour atte?nuer les effets de ces chocs d’offre, nous disent les experts de la banque mondiale.

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