ECHAUFEMENT ET MANOEUVRES AVANT 2021

Les formations partisanes évoluent et se déploient dans un champ où, à un moment donné, leur cotation est tranchée par les électeurs.

L’année 2021 aura un agenda bien chargé, exceptionnel même. Ce sera le calendrier de toutes les élections, locales, régionales, parlementaires aussi. Elue en 2015, la Chambre des conseillers, qui a une mandature de six ans, s’inscrit ainsi dans ce rendez-vous de l’année prochaine marquant la fin de la législature de la Chambre des représentants mise en place, elle, en 2016. Il n’a échappé à personne que l’on est déjà en précampagne électorale tant les partis n’ont pratiquement en tête que cette échéance-là. Qu’ils s’y préparent n’est pas un reproche; après tout, les formations partisanes évoluent et se déploient dans un champ où, à un moment donné, leur cotation est tranchée par les électeurs.

Cela dit, comment ne pas voir que l’on assiste à ce que l’on pourrait appeler de l’échauffement, voire des manoeuvres dans cette perspective électorale? Tout d’abord, ce qui se passe du côté des trois partis membres de l’ex-Koutla (PI, USFP, PPS) retient l’intérêt. Cela a commencé par un approchement de base, au niveau des jeunesses PI/PPS et PI/USFP. C’est que c’est une génération militante éloignée des contentieux partisans du passé et davantage tournée vers le présent et surtout l’avenir. Cela n’est pas négligeable et aide à favoriser un climat unitaire. Puis le processus s’est poursuivi avec une rencontre de la formation istiqlalienne de Nizar Barka avec le PPS de Nabil Benabdallah, suivie de l’USFP de Driss Lachgar.

L’on ne parle pas de Koutla à reconstituer. Mais il a été décidé d’avancer avec mise sur pied de plusieurs commissions spécialisées (convergence, programme commun, réforme des lois électorales). Pour certains, ce n’est qu’une sorte de marketing politique avant les élections. Et rien ne paraît pouvoir conduire, à terme, à davantage d’engagements tel celui d’un accord sur une candidature unique lors des prochains scrutins. Des réticences demeurent ici ou là.

Mais il y a plus par ailleurs, du côté, cette fois, du PJD et du PAM. Avec l’élection, le 8 février 2020, de Abdellatif Ouahbi au poste de secrétaire général du PAM, la révision du positionnement de ce parti vers la formation islamiste a été annoncée par ce nouveau responsable, tournant le dos au credo du parti depuis sa création, voici onze ans, à savoir: faire front contre celle-ci. Qu’en sera-t-il dans l’optique des prochaines élections? Difficile d’escompter une forte avancée dans ce rapprochement pour toutes sortes de raisons: «résistance» et même hostilité en interne dans le PD, une éventuelle plateforme gouvernementale commune mais tellement «généraliste », difficulté d’accords électoraux, surtout parlementaires, à la différence de ceux pouvant être conclus au plan communal et régional.

Les préparatifs de 2021, c’est aussi une modification du code électoral, dont les enjeux sont importants. C’est encore le responsable istiqlalien, Nizar Baraka, qui a ouvert un débat national à cet égard en saisissant le Chef du gouvernement. Pour l’heure, Saâd Eddine El Othmani ne paraît pas considérer ce dossier comme prioritaire... Driss Lachgar a reposé ce problème, sans suite. Il s’agit de revoir les listes électorales, le mode de scrutin, le découpage électoral et le taux du seuil électoral. L’institution d’un scrutin uninominal à un tour est réclamée pour permettre l’émergence de nouvelles élites en lieu et place du scrutin de liste.

Une délibération politique plus large porte, cette fois, sur la révision de l’article 47 de la Constitution, lequel confie mécaniquement la direction du gouvernement à un membre du parti arrivé en tête. Les propositions sur la table sont diverses: fixer un délai d’un mois pour la formation du cabinet, nomination d’une personnalité du deuxième parti en cas d’échec, prise en compte des résultats d’une coalition électorale classée au premier rang... Là, il s’agit du lourd puisqu’il faut convoquer un corps électoral de 15 millions d’électeurs, est-ce envisageable en termes politiques que de les convoquer dans le contexte actuel pour modifier un seul article de la loi suprême? L’opération référendaire n’est plaidable, semble-t-il, que si elle embrasse d’autres modifications constitutionnelles englobant la consécration de grandes avancées institutionnelles et démocratiques -une nouvelle génération de réformes politiques...

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