Le Brésil lorgne les marchés marocain et arabe

COMMERCE EXTÉRIEUR

En mettant les petits plats dans les grands pour la signature d’un accord de libre-échange bilatéral passant par le Mercosur, le pays sud-américain semble, à l’évidence, décidé à faire du Maroc une de ses plateformes d’exportation visant le monde arabe.

On le sait, les entreprises brésiliennes font, depuis belle lurette, du monde arabe une de leurs priorités. Et dans ce sens, le Maroc pourrait peut-être bien leur servir, dans le futur, de porte d’entrée dans la région. Avec la Tunisie et le Liban, le Royaume a en effet été cité par le ministère des Affaires étrangères brésilien comme un des trois pays arabes avec lesquels il verrait d’un bon oeil la reprise des négociations pour la signature d’un accord de libre-échange (ALE).

Dans une dépêche en date 30 août 2021 de l’Agence d’informations Brésil-arabe (ANBA), le ministère des Affaires étrangères brésilien s’est, ainsi, dit favorable à reprendre avec les autorités marocaines des négociations relatives à la signature d’un tel accord, lequel ne concernerait pas seulement le Brésil mais l’ensemble du Marché commun du Sud (Mercosur), qui est une organisation économique sud-américaine incluant également l’Argentine, le Paraguay, et l’Uruguay (et, en temps normal, aussi le Venezuela, mais celui-ci est suspendu depuis début décembre 2016 en raison de la répression dont le président Nicolas Maduro frappe sa population).

Puissance agricole
Car des discussions avaient déjà eu lieu quelques années auparavant, avant de stopper net en 2018. Et la pandémie de Covid-19 en cours depuis mars 2020 n’a pas vraiment été non plus d’une grande aide. Mais il faut dire que sans ALE, le Maroc constitue d’ores et déjà le premier partenaire commercial arabe du Brésil, tandis que ce dernier arrive en troisième position seulement derrière les deux anciennes puissances coloniales que sont l’Espagne et la France dans le rang des principaux clients du Royaume.

Le pays sud-américain, qui fait par ailleurs figure de première puissance agricole mondiale, importe ainsi notamment des engrais et des produits chimiques inorganiques, sachant que depuis fin novembre 2009 le groupe OCP y compte une filiale à part entière, OCP do Brasil, et qu’en partenariat avec le norvégien Yara International, avec lequel il avait lancé en décembre 2011 une joint-venture commune, le géant phosphatier transforme même localement son phosphate.

Mais il est aussi question, pour le Maroc, d’exportations de poissons et de crustacés. Globalement, le Royaume a, selon des estimations de la Chambre de commerce arabo-brésilienne, encaissé pour 1,2 milliard de dollars en voyant ses marchandises s’écouler entre janvier 2020 et janvier 2021 au Brésil, tandis que dans le sens inverse les importations atteignaient 1,22 milliard, pour un déficit commercial marocain de l’ordre de 563,31 millions de dollars.

Mais en même temps le bénéfice était, d’après la même source, 95,5% supérieur par rapport à l’année précédente. En outre, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) avait signé fin novembre 2014 avec le Groupe des chefs d’entreprise (LIDE), le patronat brésilien, trois conventions, dont l’une avait porté sur le raffermissement de la collaboration destinée à promouvoir les échanges commerciaux entre le Brésil et le Maroc.

D’ailleurs le président brésilien Jair Bolsonaro avait qualifié, lors du Forum économique Brésil-Pays arabes d’octobre 2020, de partenaire “stratégique” le Maroc, se félicitant aussi de l’“important rapprochement politique” bilatéral.

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