Les préjugés sexistes toujours enracinés au maroc, d'après le PNUD


Les discriminations et les préjugés sexistes et ségrégationnistes persistent même si elles perdent peu à peu du terrain. Un changement mineur en une décennie qui remet en question l’utilité des campagnes pour les droits des femmes.

La discrimination contre les femmes demeure largement répandue dans le monde. Dans son rapport sur l’Indice des normes sociales de genre (GSNI), publié lundi 12 juin 2023, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) souligne que c’est le cas pour 90% de la population mondiale. Au Maroc, la situation n’est pas meilleure. Près de 94% des composantes de la société au Maroc ont au moins un préjugé contre les femmes. Ce taux était de 98% en 2014. Le taux de personnes ayant au moins deux préjugés ont constitué 75% en 2022. Le pourcentage de personnes sans biais est d’un peu plus de 6%.

Il était de seulement 2% huit ans plus tôt. Malheureusement, il existe quelques préjugés qui résistent au temps. Près de 62% de la population au Maroc pense que les hommes peuvent être de meilleurs dirigeants politiques que les femmes. Au cours de la période 2000-2014, ce pourcentage était de 78%. Aussi, près de 64% de la population estime que les hommes sont les meilleurs en gestion d’entreprise. Et environ 21% pensent que les hommes sont meilleurs dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement. Que faut-il en retenir ? C’est qu’au Maroc, les discriminations persistent même si elles perdent peu à peu du terrain.

Les résistances évoluent
Les mentalités changent lentement. A l’évidence, pas toutes ! Le 8 mars dernier, Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement, avait annoncé que le taux de femmes occupant de hautes fonctions au Maroc a augmenté à 19% en 2022. C’était à l’occasion de la Journée internationale de la femme 2023. M. Akhannouch a révélé que 619 femmes occupent actuellement des hautes fonctions. Il est vrai que beaucoup de chemin reste à parcourir.

Mais les résistances évoluent au même rythme que les mentalités. La Loi 79-14 relative à la création de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination a été promulguée le 21 septembre 2017 après son approbation par le Parlement. Cinq ans après, cette instance est aujourd’hui encore en stand-by. Ce n’est pas tout. Un rapport de l’Association démocratique des femmes du Maroc souligne que non seulement cette institution n’a pas encore été mise en place mais la loi en fait un simple mécanisme de consultation.

C’est dire qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge. Il existe des exemples qui renseignent sur le retard accusé dans ce domaine. Comme l’obligation de l’autorisation de son mari pour qu’une femme exerce certains métiers ou pour changer l’école de son enfant. Concernant les allocations familiales, certains assurés se permettent de nommer un membre de sa famille comme ayant droit pour percevoir sa pension après sa mort, même s’il est marié et a des enfants. Des lois du genre et des cas similaires, ce n’est pas ce qui manque.

Qua faut-il faire ? Le rapport du PNUD recommande de s’attaquer directement aux normes sociales par le biais de l’éducation pour faire évoluer les opinions du public par des politiques et des évolutions juridiques qui reconnaissent les droits des femmes dans toutes les sphères de la vie, mais aussi en permettant une plus grande représentation des femmes dans la prise de décision et les processus politiques. C’est dire, tout bien pensé, qu’il reste du chemin à parcourir.

Articles similaires