Chronique de Driss El Fahli : Aides-toi le ciel t'aidera


LA FRANCE EST FROISSÉE: LE MAROC N’A PAS MANIFESTÉ D’INTÉRÊT IMMÉDIAT POUR SON OFFRE D’AIDE.

Gamal Abdel Nasser, président de l’Égypte, avait dans le cadre de sa vision politique sur les indépendances nationales et l’autodétermination des pays arabes et africains un point de vue: chaque nation devait apprendre à gérer ses problèmes. Cela, disait-t-il, s’avèrera impossible par le biais de l’aide étrangère ou sous une contrainte extérieure.

Dans la même période de tensions géopolitiques post-Seconde Guerre mondiale, Dwight D. Eisenhower, qui avait été commandant suprême des forces alliées en Europe pour la préparation du Plan Marshall d’aide à la reconstruction de l’Europe disait: «l’aide la plus efficace est celle qui est demandée et acceptée et non celle qui est imposée». Ces deux monstres politiques soulignaient, par là, l’importance de la collaboration volontaire et du respect des décisions souveraines. Le fait qu’un pays ne donne pas suite à une proposition d’aide ne devrait pas être interprété comme un affront. Plusieurs raisons légitimes peuvent être la cause d’un silence sur une telle proposition. La première est la capacité du pays à résoudre lui-même son problème.

Il estime qu’il a les capacités nécessaires pour résoudre la crise de manière autonome. La seconde cause touche à la souveraineté nationale. L’ingérence étrangère est souvent habillée de l’abaya de l’aide internationale. Il n’y a pas d’aide sans arrière pensée politique. Le plan Marshall avait comme fond de pensée américain la contention de l’expansion du communisme, le renforcement des alliances occidentales, la création de l’OTAN et, in fine, la dissolution de l’Union soviétique. Rien n’est gratuit dans l’action politique de l’aide. Il y a toujours un retour sur investissement.

La coordination est aussi une raison pour ne pas répondre à une proposition d’aide dans la mesure où celle-ci risque de compliquer davantage la tâche. Dans une telle situation, il est important d’accepter la décision souveraine d’un pays en crise et de respecter son choix. L’aide étrangère devrait être toujours proposée par des voies congruentes de manière respectueuse et coopérative.

Maintenant on peut se demander quel dard a dû piquer l’ego de la France au point d’orchestrer contre le Maroc et son souverain une massive campagne de dénigrement. Un violent bashing orchestré via des médias à la solde. La France est froissée: le Maroc n’a pas manifesté d’intérêt immédiat pour son offre d’aide. Il n’est un secret pour personne que sous la présidence d’Emmanuel Macron, la relation France-Maroc est des plus exécrables. Le Maroc a parfaitement le droit de tenir compte de ce paramètre politique dans la sélection des nombreuses propositions d’aide reçues. Il n’y a qu’en France que ce choix souverain pose problème. Aucun autre pays qui a proposé une aide n’a estimé avoir été touché par le silence des autorités marocaines.

S’agissant du Maroc, la horde des journaleux aux ordres a déclenché ses raids fielleux sur le pays et plus particulièrement sur son Roi. “Libération” va titrer à la une «aidez-nous, nous mourrons en silence», sur fond d’exploitation d’une image d’une victime du séisme. S’agissant du département français de Mayotte où le citoyen français, rationné, a droit à une goutte d’eau tous les trois jours, le journal fondé par Jean-Paul Sartre ne mettre jamais en première page «aidez-nous, nous mourrons de soif!», avec en toile de fond une mahoraise française de couleur aux pieds nus portant, à l’africaine, un seau d’eau sur sa tête. A force de regarder la paille dans l’oeil de l’autre, on oublie la poutre qu’il y a dans son propre oeil. Charité bien ordonnée devrait commencer par soi-même.

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