Trois questions à Yassine Sehaqui, patron d'un centre d’appels belgo-marocain.

"Des fois, on peut même trouver des repris de justice dans ces lieux de travail clandestins"


A combien s’élève le coût de la position dans un centre d’appels légal ?
Les acteurs qui sont actifs dans ce secteur font face à une concurrence plus que déloyale. Je vous donne l’exemple d’un centre d’appels dont l’activité répond aux exigences réglementaires en vigueur. Dans ce cas de figure, la position d’un seul salarié coûte la bagatelle de 1 200 euros.

Ce coût inclut bien évidemment les charges managériales, techniques (licence de logiciels et outils de travail), logistiques (téléphonies et connexion internet) ainsi la rémunération du salarié. Tandis que les projets similaires qui ne sont pas légaux n’ont pas assez de charges, si ce n’est les frais de l’opérateur téléphonique et de la connexion internet.

Et dans un centre d’appels qui fonctionne au noir, la position coûte à peu près combien ?
Le coût de la position s’élève à peine à 600 euros, parfois moins. Les profils qui acceptent de travailler au black sont généralement des migrants qui ne sont pas en séjour légal au Maroc. Malheureusement, ils bossent dans des conditions très précaires et vendent leur force de travail en contrepartie d’une rémunération dérisoire qui ne dépasse jamais 3 000 dirhams. Des fois, on peut même trouver des repris de justice dans ces lieux de travail clandestins.

Dans quelle mesure vos partenariats avec les clients donneurs d’ordre (CDO) sont-ils affectés ?
Je vous donne l’exemple du créneau des énergies renouvelables pour vous donner une image de ce que l’on vit en ce moment. Bien avant cette nouvelle ère, les clients donneurs d’ordre payaient près de 150 euros chaque rendez-vous confirmé. Aujourd’hui, ces mêmes rendez-vous sont payés à 30 euros chacun. Pour les entreprises qui se respectent n’accepteraient pas un partenariat sous ces conditions.

Car somme toute, les charges patronales (CNSS, mutuelle…) couplées aux frais de la partie technique pèsent dans la balance, ce qui rend les rémunérations proposées par les clients donneurs d’ordre moins importantes. D’autant que les centres d’appels clandestins ne présentent aucune garantie de sécurité à leurs partenaires…

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