Les noms de deux femmes marocaines ont figuré sur la liste Forbes 2024 « 50 over 50 » pour le Moyen- Orient et l’Afrique (MENA), publiée le 9 janvier 2024. Outre la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, on trouve Rajaâ Cherkaoui El Moursli, professeure à la faculté des sciences de l’université Mohammed V de Rabat, membre de l’académie Hassan II des sciences et techniques, du conseil d’administration du CNESTEN, de AMSSNuR (Agence Marocaine de Sûreté et de Sécurité Nucléaires et Radiologiques) et du Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique (CNRST).

La liste « 50 Over 50 » met en lumière 50 femmes de plus de 50 ans qui exercent une influence remarquable après 50 ans. El Moursli est professeure de physique nucléaire. Ses recherches ont permis de prouver l’existence du boson de Higgs, la particule responsable de la création de masse des particules élémentaires, et partant de la masse de tout ce qui nous entoure, ce qui lui a valu en 2015 le Prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science en tant que lauréate représentant l’Afrique et les États arabes.

Même si sa carrière scientifique de près de 30 ans est truffée de réalisations, c’est une carrière qui n’aurait pas existé si elle n’avait pas convaincu son père de la laisser poursuivre des études supérieures en France au milieu des années 1970, une époque où les Marocains on s’attendait à ce que les femmes quittent la maison pour se marier et non pour se frayer une voie dans le monde de la science. « J’ai été distinguée en partie aussi parce que le Maroc est membre d’une découverte du 21ème siècle, le boson de Higgs. Qu’une Africaine, vivant et travaillant au Maroc, soit membre dans cette collaboration, qui plus est se bat pour faire évoluer la recherche dans son pays, c’était nouveau. C’est aussi parce que j’ai créé le premier master de physique médicale au Maroc», nous confie Pr Rajaâ Cherkaoui El Moursli.

Prix d’excellence
La chercheuse renommée, âgée de 69 ans, a obtenu son doctorat en Physique Nucléaire à l’Université Joseph Fourier de Grenoble, en France. Début 1982, elle intègre la Faculté des Sciences de l’Université Mohammed V à Rabat. Plus tard en 1996, elle a dirigé le Laboratoire de physique nucléaire (LNP). Les sujets de recherche de Mme Cherkaoui tournent autour des applications de la physique nucléaire, de la physique médicale et de la physique des hautes énergies. Une telle réussite l’a amenée à développer plusieurs projets liés aux applications nucléaires. Elle a été un des précurseurs de la participation officielle du Maroc à la collaboration internationale ATLAS (A Toroidal LHC ApparatuS) au CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, à Genève.

Professeur Cherkaoui est actuellement membre des collaborations internationales ATLAS, KM3NET (Cubic Kilometre Neutrino Telescope). Elle bénéficie d’un indice H-index (nombre de publications et de citations d’un chercheur) de 120 (Scopus). En 2021, elle a occupé la première place à tous les niveaux, au Maroc, en Afrique et dans la Ligue arabe et au niveau mondial, étant dans le Top 50 de l’indice scientifique Alper-Dodger (AD). Deux ans plus tard, en reconnaissance à ses contributions à l’éducation et à la recherche dans le domaine des sciences nucléaires, elle était la première femme arabe et deuxième femme africaine à obtenir le Prix d’excellence international Women in Nuclear (WiN) 2023