L'ETAT N'EST PLUS LE MAUVAIS PAYEUR

DÉLAIS DE PAIEMENT

Longtemps pointé du doigt pour ses retards de paiement, l’Etat a consenti des efforts considérables ces dernières années sur ce volet. Selon le premier rapport annuel de l’Observatoire des délais de paiement, le délai global moyen de paiement des marchés publics a été réduit de 146 jours en 2016 à 39 jours en 2018.

La problématique des délais de paiement a depuis toujours impacté considérablement la trésorerie des entreprises marocaines, surtout les très petites d’entre elles. L’Etat a été très souvent décrié par les opérateurs privés pour ses importants retards de paiement, causant la faillite de plusieurs petites entreprises. Ces dernières années, et surtout depuis le discours royal du 20 août 2018, où le Roi Mohammed VI a invité les administrations publiques et les collectivités territoriales à s’acquitter de leur dû aux entreprises, les choses semblent prendre une nouvelle tournure.

A en croire le rapport annuel de l’Observatoire des délais de paiement, l’Etat n’est plus le mauvais payeur. On apprend ainsi que le délai global moyen de paiement des marchés publics a été réduit pour l’Etat, de 146 jours en 2016 à 39 jours en 2018. Pour les collectivités territoriales, ce délai est passé de 142 jours en 2016 à 44 jours en 2018. Une amélioration remarquable que l’on observe également chez les établissements et entreprises publics (EPP). Leur délai moyen global de paiement est passé de 55,9 jours en décembre 2018 à 42 jours en décembre 2019.

«Cette baisse est due aux efforts déployés en la matière par le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration et aux mesures prises par les EEP en termes de procédures internes, de systèmes d’information et de relations avec leurs partenaires. Le délai moyen global est nuancé par l’existence de délais élevés au niveau de certains EEP parfois en aggravation sur la période d’analyse. En revanche, d’autres EEP affichent des délais de paiement en baisse continue», précise le document.

Par ailleurs, le rapport fait état d’un niveau des délais de paiement largement supérieur aux délais réglementaires chez les entreprises privées. Selon une analyse de Bank Al-Maghrib sur l’évolution des délais de paiement du secteur privé dans le cadre de ce rapport, les calculs effectués font ressortir à fin 2018, une moyenne globale de 152 jours de chiffre d’affaires (JCA) pour les délais clients, et de 105 jours d’achat (JA) pour les délais fournisseurs, soit un dépassement de 45 jours par rapport au seuil réglementaire, fixé par la loi à 60 jours.

Dans ces conditions, le solde commercial des entreprises marocaines fait ressortir une position nette prêteuse avec une moyenne équivalente à 73 jours de chiffre d’affaires, relève la même source. L’étude relève également que plus de 40% des entreprises marocaines se font payer dans des délais supérieurs à 90 JCA et environ un quart d’entre elles règlent leurs fournisseurs au-delà de 120 JA. L’analyse des observations individuelles des délais clients fait ressortir, qu’en 2018, un peu plus que la moitié des entreprises sont payées dans les délais réglementaires de 60 jours, 8% entre 60 et 90 jours, délai pouvant être consenti entre les partenaires, et 41% dans des délais supérieurs à 90 jours, dont 84% d’entre elles observant des délais au-delà de 120 jours.

Pour ce qui est des délais de paiement fournisseurs, et bien que 62% des entreprises honorent leurs engagements dans des délais inférieurs à la limite réglementaire, près du tiers des entreprises payent leurs fournisseurs après 90 jours, 79% d’entre elles dans des délais supérieurs à 120 jours. L’analyse de la Banque centrale soulève aussi que les pratiques de paiement semblent ne pas s’améliorer au cours des dernières années avec une persistance des comportements retardataires.

Autre confirmation apportée par le rapport: Les délais de paiement sont particulièrement défavorables aux petites structures. «Une lecture par taille montre que les grandes et moyennes entreprises semblent maîtriser davantage leurs délais de paiement, au moment où les très petites rencontrent de nombreuses difficultés. Cette dernière catégorie d’entreprises souffre d’un côté, de délais longs avant de pouvoir récupérer ses créances, et de l’autre, de l’obligation de payer ses fournisseurs dans les délais plus courts, dans l’objectif de préserver leurs relations commerciales», selon Bank Al-Maghrib.

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