L'enseignement à distance, ce n'est pas la panacée

L'espèce enseignante n'est pas faite pour travailler seule.

Le système d’enseignement a bien résisté à la crise du Covid. Il a montré sa capacité à rapidement s’organiser et s’adapter pour traverser cette période difficile. Après les hésitations des premiers jours, on a vu les écoles et universités marocaines faire évoluer le métier d’enseignant vers davantage de chantiers de restructuration, de transformation des pratiques d’enseignement pour les rendre plus résilientes grâce au digital et au travail à distance.

Dans l’école de demain, le digital ne sera plus seulement un accélérateur de pratiques pédagogiques, mais une donnée structurante. Certes, les écoles et instituts de formation privés ont su plus rapidement prendre le train en marche, mais les écoles et organismes de formation publique n’ont pas tardé à suivre la même voie. Certes, avec beaucoup de difficultés et souvent de résistances. Ainsi, selon certaines enquêtes sur le vécu du e-learning, effectuées dans les universités marocaines pendant le confinement, même si les enseignants semblent mieux s’en sortir en e-learning que leurs étudiants, une bonne partie d’entre eux considèrent que ce mode d’enseignement reste contraignant et la majorité absolue d’entre eux sont convaincus qu’il ne peut pas remplacer le présentiel.

Par ailleurs, si pour les enseignants le e-learning peut apporter un plus à l’enseignement supérieur à l’avenir, la majorité des étudiants sont peu ou pas du tout d’accord par rapport au plus apporté par le e-learning à l’enseignement classique. En plus, les étudiants sont majoritairement insatisfaits non seulement des cours interactifs à travers la plateforme universitaire mais aussi des problèmes de connexion, la difficulté à effectuer des Travaux Dirigés ainsi que du manque d’interactivité.

Sans oublier la tendance de certains enseignants à se contenter de documents classiques ainsi que de l’absence de mesures communes d’enseignement à distance et d’un planning global des enseignements. Sans doute qu’Il faut attendre les résultats des examens actuels du baccalauréat et des futurs examens universitaires en automne pour avoir une juste évaluation de cette nouvelle expérience académique. Ces résultats pourront nous dire si notre système d’enseignement a su ou non tirer profit de cette première expérience d’enseignement à distance, même si elle s’est effectuée à titre partiel.

Entretemps, la crise du Covid-19 qui a bousculé nos habitudes, ne manquera pas d’avoir laissé ses traces sur l’organisation et le fonctionnement d’un système d’enseignement qui n’a que trop souffert de plusieurs décennies de léthargie. En effet, les trois mois de confinement ont pu faire évoluer les mentalités. Néanmoins, s’il est vrai que le télétravail peut sembler bien adapté au monde de l’enseignement, l’espèce enseignante n’est pas faite pour travailler seule. Dans les métiers de l’enseignement, l’enrichissement des solutions proposées aux élèves et étudiants vient de l’interaction; et le télétravail ne développe pas deux valeurs qui sont des moteurs principaux de la matière scientifique et pédagogique: la liberté et le sens de la critique.

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