PEUT-ON S’ATTAQUER À L’INFLATION ?

L'inflation n’est pas que monétaire

L’inflation au Maroc devrait atteindre 5,3% en 2022. Cette tendance devrait se poursuivre à court terme, l’inflation devant atteindre, selon les projections de la banque centrale, 5,3% pour l’ensemble de cette année. Les effets externes et la sécheresse devraient accroître davantage les incertitudes quant à l’inflation au niveau national. Les risques inflationnistes resteraient incertains à court terme.

Au niveau mondial, les pressions inflationnistes persistent au début de 2022, aussi bien dans les économies avancées que celles émergentes. Ces taux ont atteint des niveaux record, notamment, aux États-Unis, aux alentours de 8,6%, en mai 2022, du jamais vu depuis le mois de décembre 1981. Il faut dire que la persistance de l’inflation à des niveaux très élevés augmente la pression sur les banques centrales pour accélérer encore le durcissement de leur politique monétaire. En conséquence, les taux longs sont repartis à la hausse. Par contre chez nous, Bank Al Maghrib n’a pas suivi cette voie, puisqu’elle a maintenu inchangé son taux directeur à 1,5%.

La persistance de l’inflation à des niveaux très élevés alarme les investisseurs des pays développés. La perspective d’un resserrement monétaire toujours plus rapide et sévère, alors que l’économie affiche déjà des signes de fatigue, a causé un nouvel accès de panique sur les bourses mondiales.

L’inflation et son corollaire, la hausse des taux, minent non seulement le moral des consommateurs mais aussi celui des investisseurs. Jusqu’ici, dans presque tous les pays européens, toutes les mesures de lutte contre l’inflation ont ciblé les prix de l’énergie. Or, les leviers de baisse des taxes et de régulation des prix adoptés récemment par certains d’entre eux ne pourront, quoi qu’il arrive, rester les seuls activés face à l’inflation, car ils ne traitent pas la racine de la maladie, nous disent certains analystes avertis.

Cette inflation tient à la fois à un contexte géopolitique qui risque d’être durablement bouleversé par la guerre en Ukraine, aux dépendances créées par la mondialisation des échanges et aux grandes mutations, en cours ou à venir, des économies obligées de renoncer aux énergies fossiles et de s’adapter au changement climatique. D

’où le paradoxe pointé par certains «économistes atterrés»: «Si l’inflation est révélatrice de dysfonctionnements économiques importants, la priorité de la politique économique ne doit pas être la lutte contre l’inflation». La politique économique doit, donc, changer son fusil d’épaule pour s’attaquer à la mauvaise répartition des richesses. Aussi, ces pays développés ne disposent plus actuellement des instruments leur permettant de gérer une forte hausse des prix à la consommation.

Les syndicats sont affaiblis et les salaires ne sont plus indexés sur l’inflation. Or l’inflation est d’abord un conflit de répartition entre actionnaires et salariés. «Les pays dont les institutions sont fortes et permettent aux différentes parties de la société de passer des compromis s’en sortiront sans trop de mal», soulignent certains analystes. Dans les autres, les tensions augmenteront.

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