Et si la Chine ne s’éveillait pas?

Après quatre décennies de croissance rapide, l’Empire du milieu entre dans une période de déconvenues.

Lorsque la Chine a commencé à prendre part à l’économie mondiale en 1978, elle a connu la croissance la plus spectaculaire de l’histoire. Sa réforme agricole, son industrialisation et la hausse des revenus de sa population ont permis à près de 800 millions de personnes de sortir de la pauvreté. Alors que la production chinoise représentait un dixième de la production américaine en 1980, elle en atteint aujourd’hui les trois quarts. Pourtant, au lieu de repartir de plus belle après l’abandon par le gouvernement de sa politique de “zéro-Covid” à la fin de l’année 2022, elle s’enfonce un peu plus chaque jour dans un marasme économique.

«La Chine passe à une trajectoire de croissance plus lente plus tôt que prévu», indiquent les économistes de Bloomberg dans une note de recherche publiée récemment. «La reprise post-COVID s’est essoufflée, reflétant un effondrement plus profond du marché immobilier et une confiance déclinante dans la gestion de l’économie par Pékin. Une faible confiance risque de s’enraciner, entraînant un frein durable sur le potentiel de croissance.»

Par ailleurs, le pays doit également faire face à des défis plus profonds et à long terme. En 2022, la Chine a enregistré sa première baisse de population depuis les années 1960, ce qui suscite des inquiétudes concernant la baisse de la productivité. Les répressions réglementaires ont également entamé la confiance, de même que les tensions géopolitiques avec les États-Unis et d’autres gouvernements occidentaux.
En revanche, les États-Unis semblent être en meilleure forme que ce que de nombreux économistes prévoyaient il y a quelques mois à peine, avec un marché du travail solide, une consommation vigoureuse et une inflation modérée qui renforcent la confiance dans la capacité de l’économie à éviter une récession pour le moment. Bloomberg Economics estime la croissance potentielle des États-Unis à 1,7 % en 2022-2023, avec des prévisions à long terme montrant un déclin progressif à 1,5 % d’ici 2050.

A ce rythme, la Chine n’est plus sur le point de surpasser les États-Unis en tant que plus grande économie mondiale prochainement, et elle pourrait ne jamais réussir à prendre de manière constante la première place, car la confiance nationale s’enfonce davantage. C’est ce qu’affirme, en tout cas,Bloomberg Economics, qui prévoit désormais qu’il faudra attendre le milieu des années 2040 pour que le produit intérieur brut (PIB) de la Chine dépasse celui des États-Unis -et même à ce moment-là, cela se produira avec une «petite marge» avant de «retomber en arrière». Avant la pandémie, ils s’attendaient à ce que la Chine prenne et maintienne la première place dès le début de la prochaine décennie.

Dans les années 2000, les dirigeants occidentaux ont cru à tort que le commerce, les marchés et la croissance favoriseraient la démocratie
et la liberté individuelle. Or, la Chine fait aujourd’hui l’expérience inverse, en optant pour une économie dirigée par des autocrates. Résultat: après quatre décennies de croissance rapide, l’Empire du milieu entre dans une période de déconvenues.

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