Refus de visa par la Jordanie à Mounia Semlali


Discrimination envers les Marocaines


Pour dénoncer ce refus de visa par l’ambassade de Jordanie, la jeune femme marocaine a lancé sur les réseaux sociaux un hachtag, «Nous ne sommes pas des prostituées». Le soutien des Marocains a été très largement partagé.

“Nous ne sommes pas des prostituées”. C’est le hachtag lancé sur les réseaux sociaux par une jeune Marocaine, Mounia Semlali, 28 ans, après le refus par l’ambassade de Jordanie à Rabat de lui délivrer un visa. Motif invoqué: absence d’un mahram qui pourrait l’accompagner. Dans sa page Facebook, Mounia Semlali raconte sa conversation avec le fonctionnaire de l’ambassade jordanienne qui lui a indiqué l’obligation d’être accompagnée par un mahram, sinon il faut avoir une autorisation du ministère de l’Intérieur jordanien.

Des conditions draconiennes imposées aux femmes marocaines âgées entre 18 et 35 ans. Dans une réaction médiatisée, l’ambassadeur jordanien à Rabat, Hazim Al Khateb Attamimi, confirme ces conditions, précisant qu’elles entrent dans le cadre des relations diplomatiques réglementées entre les deux pays. L’ambassadeur plaide, en revanche, pour faciliter la mobilité et le mouvement des citoyens marocains et jordaniens, en vue de la suppression, de façon définitive, des conditions d’obtention du visa entre les deux pays frères.

Cette jeune cadre dans l’ONG internationale, Oxfam, dont elle dirige l’antenne marocaine, provoque par son hachtag une véritable polémique nationale autour de ces conditions discriminatoires qui désignent implicitement toutes les femmes marocaines comme des «prostituées potentielles».

Ce n’est pas la première fois que la jeune femme se trouve face à cette situation. En 2012, Mounia Semlali devait se rendre en Jordanie, également pour une formation. À l’époque déjà, on lui demande ce fameux mahram ou une autorisation du ministère de l’Intérieur jordanien. Elle avait 22 ans à l’époque. Après un entretien avec l’ambassadeur, ce dernier, convaincu du bien-fondé de son voyage, lui accorde finalement un visa. En 2018, invitée par les Nations unies, elle soumet une seconde demande.

Des conditions humiliantes
Deux heures plus tard, elle obtient à nouveau un visa pour la Jordanie. Mais en 2019, sa nouvelle requête est cette fois-ci refusée, avec à nouveau l’exigence d’un mahram. Par ailleurs, presque tous les pays du Moyen- Orient exigent les mêmes conditions consulaires pour les femmes marocaines, notamment les pays du Golfe, l’Egypte et la Syrie. Des conditions qui sonnent comme une humiliation infligée aux femmes marocaines, chose qui ne devrait pas plaire normalement aux autorités marocaines.

Cette question a été portée récemment au Parlement par le député de la Fédération de la gauche démocratique, Omar Balafrej, qui a posé une question orale à la Chambre des représentants pour appeler les autorités politiques et diplomatiques à réagir à cette discrimination consulaire qui frappe les femmes marocaines.

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