Le Maroc et les BRICS

RABAT A DÉJÀ BRICSÉ


Exception faite de l’Afrique du Sud, le Maroc entretient depuis de nombreuses années d’importantes et prometteuses relations bilatérales avec les pays des BRICS.

Beaucoup d’observateurs considèrent que la croissance des BRICS et leurs perspectives économiques vont influencer d’une manière inéluctable l’avenir de l’architecture mondiale, aussi bien sur le plan politique qu’économique. Ce groupe jouera un rôle de premier plan aussi bien au sein des organisations à caractère économique et financier, tels que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC), que dans le cadre des instances à caractère politique, comme le conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Le Maroc a-t-il intérêt à se rapprocher, s’arrimer et à renforcer son ancrage à ces nouvelles locomotives de l’économie mondiale et ainsi bénéficier de la croissance qui sera générée par ces pays? Pour certains analystes, la réponse est oui, notamment ceux qui considèrent que cette perspective de développement des relations avec ces puissances émergentes entre dans le cadre de la diversification des alliances stratégiques du Maroc, qui elle-même s’inscrit dans l’essence même de la politique étrangère du Royaume. Celle-ci n’est plus uniquement structurée par des enjeux géopolitiques mais également par la consolidation des enjeux géoéconomiques et la diversification des partenariats en vue de confirmer les options stratégiques du pays. La réponse est par contre nuancée pour d’autres analystes qui considèrent que le Maroc ne réunit pas encore les prérequis nécessaires pour adhérer à ces alliances à la carte.

De leur côté, les responsables marocains n’ont eu cesse de rappeler que le Maroc entretient depuis de nombreuses années d’importantes et prometteuses relations bilatérales avec quatre des cinq membres des BRICS (exception faite de l’Afrique du Sud), et a même conclu des accords de partenariat stratégique avec trois d’entre eux. Ainsi, pour ne citer que des accords de coopération récents, le Maroc et la Chine ont signé un protocole relatif à la coopération dans le domaine agricole. Le but étant de renforcer la sécurité alimentaire et d’augmenter la contribution de l’agriculture au produit intérieur brut (PIB). Plus de 80 projets conjoints avec la Chine ou des entreprises chinoises sont, en outre, actifs dans le pays et son actuellement en cours de mise en oeuvre sur l’ensemble du territoire national. Le Maroc n’avait -il, rappelons-le, pas été le premier pays d’Afrique à avoir rejoint l’initiative «Belt and Road» en janvier 2022, celle des Nouvelles Routes de la soie que Pékin cherche à tracer?

Par ailleurs, le Maroc et la Russie ont signé l’accord de coopération dans le domaine de la pêche maritime du 14 octobre 2020, un accord qui a prolongé celui qui fut signé en 2016. L’actuel est en vigueur jusqu’en 2024, date de son échéance. Avec l’Inde, le commerce bilatéral a atteint un record historique de 3,2 milliards de dollars en 2021-2022. Cela représente une augmentation significative par rapport aux 1,9 milliard de dollars enregistrés en 2020-2021 et 1,75 milliard de dollars en 2019-2020. En outre, plusieurs entreprises indiennes sont présentes au Maroc, telles que IMACID, Sunpharma, CIPLA, Varun Beverages (PEPSI), Tata Motors et d’autres.

Quant aux relations avec le Brésil, elles sont caractérisées globalement, depuis la visite royale de novembre 2004 dans le pays sud-américain, par leur évolution positive et par la convergence des points de vue des deux pays au sujet des grandes questions régionales et internationales. Au plan commercial, les échanges ont enregistré une forte amélioration, en passant, notamment, de 244 millions de dollars en 2000 à 1,483 milliard de dollars en 2017. Du fait des relations bilatérales solides développées avec certains pays des BRICS, l’adhésion du Maroc à une structure plus large pourrait, en vérité, ne pas offrir d’avantages supplémentaires significatifs.

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