LA CAF DONNE RAISON AU MAROC DANS L’AFFAIRE DES MAILLOTS DE LA RS BERKANE

Alger perd la boule et la balle

Censée être un simple match de foot, la demi-finale de la Coupe de la Confédération entre la RS Berkane et l’USM Alger s’est transformée en un véritable fiasco pour de la junte d’Alger. Retour sur les moments clés du “scandale des maillots”.


Entre la séquestration des membres de la délégation de la Renaissance sportive de Berkane (RSB) et la confiscation de leurs bagages à leur arrivée, le 19 avril 2024 à l’aéroport Houari Boumédiène, et le verdict tombé le 24 avril dans lequel la commission des compétitions interclubs de la Confédération africaine de football (CAF) déclare l’USM Alger perdante (3-0) sur tapis vert, en passant par le déluge de spéculations et d’accusations tout au long de ce “feuilleton du maillot”, la demi-finale aller de la Coupe de la Confédération se sera donc jouée sur tous les terrains sauf celui où elle devait naturellement avoir lieu le 21 avril, à savoir la pelouse du stade 5 juillet d’Alger.

Au coeur de cette polémique, le maillot orange et noir floqué de la carte du Maroc intégrant son Sahara, que la RSB arborait sans le moindre souci depuis le début de la compétition africaine mais que les autorités algériennes refusent catégoriquement de laisser entrer et encore moins le voir porté dans match sur son sol. La junte mobilise alors tous ses moyens pour parvenir à ses fins: des dizaines d’éléments de la douane et de la police encerclent les membres de la délégation marocaine présidée par le patron du club, Hakim Benabdallah, et les empêchent de récupérer leurs valises sur le tapis à bagages. “Nous sommes tous des musulmans”, s’indigne un joueur marocain, alors que la tension monte dans la salle. Désormais, ce USMA-RSB n’est plus un match de football, mais une manoeuvre politique ridicule que le régime algérien savait perdue d’avance, mais dans laquelle il va s’engager avec amateurisme, sacrifiant au passage les chances du club de la capitale de conserver son titre remporté la saison dernière.

Faux apaisement
Les médias de la voisine de l’Est vont ainsi tenter le faux apaisement dans un premier temps en prétendant, vidéos soigneusement choisies et manipulées à l’appui, que la délégation marocaine a bénéficié d’un accueil de “qualité”. La chaîne Ennahar, quant à elle, tend son micro à l’entraineur tunisien de la RSB, Mouine Chaabani -censé être une partie “neutre”, n’étant ni Algérien ni Marocain- dans l’espoir de lui soutirer une déclaration allant dans cec sens. Mais la réalité est toute autre, comme le montre par exemple une vidéo filmée par téléphone au moment de la confiscation des bagages, dans laquelle on entend clairement un responsable des forces de l’ordre algériennes répéter “Nous ne voulons pas de vous chez nous. Cassez-vous!”

C’était sans compter sur la résistance des responsables de la RSB qui, forts du soutien des internautes marocains et surtout de la justesse de leur position, vont refuser les nouveaux maillots “de haute qualité” fournis par la Fédération algérienne de football (FAF), confectionnés à la hâte pour le match, et sur lesquels la carte intégrale du Maroc n’apparaît pas. De quoi provoquer l’ire de Bang Sports, équipementier du club marocain va dénoncer dans une lettre adressée au patron de la FAF, Walid Sadé, la contrefaçon du maillot et demande le retrait des répliques.

Conformes aux normes
Les 48 heures qui vont suivre vont conforter davantage la partie marocaine dans ses positions: la veille du match, la commission interclubs de la CAF affirme que l’USMA sera déclarée perdante si les maillots de la RSB ne récupèrent pas leurs maillots confisquées, tout en insistant que lesdits maillots sont conformes aux normes et approuvés par l’instance suprême chargée de la gestion du football africain. La FAF va déposer alors un recours qui sera rejeté quelques heures avant le coup d’envoi.

Débouté par la CAF à deux reprises en moins de 24 heures et conscient qu’il est condamné à perdre ce bras de fer, le pouvoir algérien change de posture et se montre de plus en plus agressif. Des plateaux avant-match sont tout sauf des émissions de sport: journalistes, animateurs et invités multiplient les insultes et les accusations contre le Maroc. Ainsi, Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et ancien patron de la RSB, devenu l’ennemi numéro un des milieux officiels sportifs et même extra-sportifs en Algérie, est accusé d’”hégémonie” sur la CAF et ses décisions. Des intervenants sur la chaîne Ennahar vont encore plus loin dans le délire complotiste, accusant ce qu’ils appelle le “Makhzen” d’utiliser la RSB pour cibler l’Algérie, alors que d’autres estime que leur pays paie cher ses “positions” en faveur de la Palestine sur la scène internationale.

C’est dans ce contexte alors que l’équipe marocain se présente le jour J au stade 5 juillet, mais refuse de quitter les vestiaires sans les maillots confisqués par les autorités algériennes. Le président du club est formel: pas question de jouer dans ces conditions, mais veille à ce que le délégué du match, représentant de la CAF, confirme la présence des joueurs marocain afin d’éviter toute erreur qui serait susceptible d’affaiblir sa position dans la suite du dossier. Le match aller n’a donc pas lieu, et il faudra donc attendre le verdict des instances compétentes.

Revers pour l’USMA
Un verdict qui ne va pas trop tarder à tomber. Dans une lettre adressée le 24 avril à la FAF, la CAF déclare da l’USMA perdante du match aller (0-3) sur tapis vert, et précise que le match retour prévu au stade municipal de Berkane à 20 heures (heure locale) le 28 avril 2024 est maintenu. A l’heure où nous mettons sous presse, tout laisse présager que le club algérois sera présent à Berkane. “Nous allons prendre un vol direct vendredi pour l’aéroport à destination de Oujda”, a déclaré à la presse algérienne, Taoufik Korichi, directeur sportif de l’USM Alger, quelques heures après le verdict. “Nous sommes devant le fait accompli.

Nous avons perdu le match aller et il faut penser à l’avenir du club (...) Mais nous allons tout faire pour contester la décision de la CAF”, a-t-il ajouté. Un recours qui s’apparente beaucoup plus à une tentative de calmer les supporters algériens qui voient leur club sur le point de perdre son titre à cause de l’entêtement de la junte militaire à harceler le Maroc dès que l’occasion se présente.

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