Entretien avec Riad Ouahtita, conseiller agricole

Riad Ouahtita : "Il faut que le Maroc développe des semences résistantes aux changements climatiques"

Les systèmes de production durables sont au centre du SIAM 2024. Riad Ouahtita, conseiller agricole, décortique pour Maroc Hebdo ces systèmes les enjeux de leur développement au Maroc.


La 16ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc se tient sous le thème ‘Climat et Agriculture : Pour des systèmes de production durables et résilients”. De quoi s’agit-il?
C’est un concept récent au Maroc qu’on voit depuis quelques années mais presque uniquement dans les grandes exploitations et chez les grands agriculteurs. On parle d’une agriculture de luxe, une agriculture 4.0 qui utilise des technologies poussées. Mais avec les six dernières années de sécheresse, ces nouveaux systèmes sont devenus une nécessité urgente même pour les moyens et les petits agriculteurs car ils permettent une meilleure gestion de l’eau, des engrais ainsi que d’autres avantages indéniables face à la situation climatique actuelle.

Comment faciliter l’introduction de ces méthodes au Maroc?
Il faut travailler sur deux points. Le premier est celui de la recherche scientifique. Il faut que le Maroc développe par exemple des semences résistantes aux changements climatiques. Si on veut assurer notre souveraineté, il faudra limiter notre dépendance des technologies importées de l’étranger notamment l’Union européenne. Le deuxième point consiste à rendre le cycle de production plus court.

Actuellement au Maroc nous sommes sur un seul cycle qui commence avec l’ensemencement vers le mois d’octobre et se termine avec la récolte vers le mois de juin, ce qui fait que nous ne profitons pas des pluies de février ou de mars. Il faut suivre l’exemple du Brésil ou de l’Argentine qui ont deux cycles de production dans la même année agricole en utilisant des semances adaptées aux températures de chaque cycle.

Le Maroc a-t-il le potentiel pour réussir ce pari des nouveaux systèmes de production?
Nous avons déjà un potentiel humain important avec une nouvelle génération de jeunes agriculteurs qui s’intéressent aux nouveautés et cherchent sur internet pour trouver des solutions comme les aliments alternatifs pour le bétail azolla que même les conseillers agricoles ne leur apprennent pas, mais l’État doit les soutenir massivement car je remarque, de par mon expérience, que les agriculteurs hésitent souvent à franchir le pas par rapport à certains investissements et ont besoin d’être encouragés.

Par exemple avec l’avènement il y a 6 ans de la vague de sécheresse actuelle, la FAO a recommandé aux pays de l’Afrique du nord de commencer à utiliser la méthode d’ensemencement direct c’est-à-dire planter les céréales sans labour car trop labourer le sol le rend pauvre. Mais pour appliquer ça, il faut soutenir les agriculteurs pour qu’ils puissent se procurer les semences dédiées à cette méthode.

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