"Le Zajal. Poésie marocaine d'expression dialectale"

Traduction de Faquihi Raoui Sahraoui

“Traduire un poème Zajal équivaut à la traduction d’un texte religieux”

La création reste le fil conducteur de tous les genres littéraires, y compris la traduction. En traduisant le Zajal, Faquihi Sahraoui fait oeuvre de créateur. En réécrivant les textes des 28 auteurs marocains les plus célèbres du Zajal (poésie populaire d’expression dialectale), il leur donna, en effet, un second souffle. Car pour Faquihi Sahraoui, «traduire ne se limite pas seulement à transcrire un texte dans une autre langue, c’est un dialogue entre deux genres (la traduction et la littérature), entre deux cultures aussi». Parfois, la relation entre le traducteur et le texte est très tendue.

Poésie orale
Dans son recueil de 28 textes, Faquihi Sahraoui s’est saisi des pensées de poètes populaires aussi célèbres que Ahmed Tayeb Laâlaj, Ahmed Lamsyah, Driss Lmasnaoui, Redoine Afandi, Abdellah Ouddane, Mohammed Moutanna, Mourad Lkadiri. Mohamed Rachek, et d’autres, sans oublier les poétesses pionnières que sont Fatma Chebchouba, Fatima Moustaid, Naima Hamdaoui et Nouhad Ben Aguida. Si, à ses débuts, le Zajal avait un caractère oral, vu qu’il est né dans un milieu rural ou au sein d’une classe d’origine ouvrière ou artisanale, une classe de culture modeste, aujourd’hui il est porté par des enseignants ou des cadres de la fonction publique, des gens bien plus cultivés.

D’où la naissance au cours des dernières années, nous dit l’auteur dans son historique, d’un Zajal plus ambitieux au niveau des thèmes: «un Zajal soucieux des problèmes quotidiens du citoyen, défenseur de l’ouvrier (Naji Mohamed), un Zajal politique (Barka Mohamed) ou un Zajal osé aussi bien chez chez les poétesses que chez les poètes (Nouhad Ben Aguida, Sabah Bendaoud, Mourad Lkadiri)», à tel point que l’on commence même à murmurer dans le milieu des appellations du genre: poème savant, philosophique, mythologique… (Driss Lmasnaoui, Ahmed Lamsyah, Mohamed Rachek).

«De plus, dit-il, le Zajal est en train de se métamorphoser à tous les niveaux, aussi bien au niveau de la forme qu’au niveau du fond. Au niveau de la forme, on voit apparaître la «ghmisa» ou les «Touichiat», qui sont autant de poèmes courts rappelant le Haiku japonais ( Nouhad Ben Aguida, Mohammed Moutanna, Laîla Nassimi)». Au niveau du fond, les poèmes de Zhour Zrayek, Abderrahim Laklaâ, Aziz Ghali, Aziz Mohamed Bensaâd et de Mohamed Moumar, reprennent, par exemple, des thèmes en rapport avec notre culture Gnaoui (le chant des Africains déportés vers le Maroc du temps du Roi Mansour Addahbi). Ainsi, le Zajal, cette poésie populaire, n’a, donc, plus rien à envier au poème écrit en arabe classique.

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