Une victoire diplomatique pour le Maroc


Les accords commerciaux Maroc-UE incluront le Sahara marocain


Le Conseil des ministres de l’Union européenne a décidé d’inclure le Sahara marocain dans ses accords commerciaux avec le Maroc. Une décision qui tombe à pic au moment des négociations pour le renouvellement du protocole de pêche.

Lundi 16 juillet 2018 à Bruxelles, le conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) annonce une décision historique dans ses relations avec le Maroc, qui bénéficie depuis 1993 d’un statut avancé avec ce groupement régional le plus important à l’échelle mondiale. Le conseil a décidé d’adapter l’accord d’association et de l’accord agricole avec le Royaume de nature à inclure expressément le Sahara marocain. La portée de cette décision est juridique et coupe court à toutes les tentatives du Polisario et de l’Algérie visant à envenimer les relations commerciales et économiques entre l’UE et le Royaume.

Elle tend à la fois à conforter la base juridique de l’exportation vers l’UE des produits issus des provinces du sud avec des préférences commerciales et à favoriser le développement de ces régions. Cela tombe à pic puisque l’accord de pêche Maroc-UE, en vigueur depuis 2014, a expiré le 14 juillet 2018. Il convient de rappeler que le 21 mars 2018, la Commission européenne avait adopté un mandat de négociation pour le renouvellement d’un accord de pêche incluant le Sahara et que les négociations le concernant avaient démarré le 16 avril. Le 11 juin, la Commission européenne adoptait un accord sous forme d’échange de lettres passé entre le Maroc et l’UE afin d’accorder des tarifs préférentiels aux produits du Sahara, notamment agricoles et de la pêche.

L’accord de pêche a fait de cette clause une disposition élémentaire, étant un levier important de valorisation et donc d’industrialisation du secteur de pêche marocain. D’où l’exigence de Rabat d’orienter, du moins une partie des volumes pêchés, vers l’industrie locale de transformation. Mais à ce jour, Bruxelles y voyait un transit du poisson pêché par voie terrestre vers l’Europe. Le Royaume exigera par ailleurs une hausse de la contrepartie financière fixée selon les termes du dernier protocole à 40 millions d’euros. Ce même protocole qui permettait à quelque 126 navires (dont 90 espagnols), de 11 Etats membres de l’UE, d’opérer dans 6 catégories de pêche différentes.

Accord gagnant-gagnant
Les discussions sur le renouvellement du protocole se focaliseront sur des revendications de la partie européenne qui devrait certainement demander l’augmentation du nombre de ses bateaux de pêche pour remplacer ceux du Royaume-Uni après le Brexit. Le mandat accordé à la Commission européenne s’appuie sur un rapport d’évaluation du protocole, soumis en décembre 2017 à l’exécutif européen, au Conseil et au Parlement de l’Union. Selon le rapport, l’Accord de pêche a également atteint son objectif de soutien au développement durable du secteur grâce notamment à la contribution à la mise en oeuvre de projets de la stratégie Halieutis.

Cet appui a profité pour une large part aux régions de Dakhla-Oued Eddahab et Laâyoune-Boujour-Sakia El Hamra, qui accaparent 66% de l’enveloppe totale, soit environ 37 millions d’euros. Les retombées socioéconomiques font déjà apparaître la création de 180 emplois directs et l’amélioration des conditions de travail d’environ 59.000 personnes travaillant dans le secteur ou les activités qui lui sont directement ou indirectement liées. Et les deux tiers de ces retombées ont concerné les provinces du Sud.

En ce qui concerne les retombées pour l’UE, le rapport évoque un bon retour sur investissement : chaque euro investi se traduit par la création de 2,78 euros de valeur ajoutée pour le secteur européen de la pêche. Ce qui est énorme par rapport à l’évaluation faite du protocole précédent. En 2010 estimait la rentabilité à peine à 0,65 euro. Un accord gagnant-gagnant.

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