Sécurité : L'OTAN prête à miser gros sur le Maroc


En visite du 28 au 30 avril 2024 au Maroc, l’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a été longuement reçu ce 29 avril 2024 à Rabat par le ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense nationale, Abdeltif Loudiyi. Des entretiens qui se sont déroulés sur instructions du roi Mohammed VI, avec la présence expresse du général de corps d’armée Mohammed Berrid, inspecteur général des Forces armées royales (FAR) et commandant de la zone Sud.

Selon un communiqué publié dans la foulée par l’Administration de la Défense nationale, « cette visite au Royaume [de l'amiral Rob Bauer] s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par l’OTAN pour renforcer son partenariat avec les membres du dialogue méditerranéen », qui compte, outre le Maroc, l'Algérie, l'Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie et la Tunisie. Il s'est également agi, selon la même source, « de recueillir une évaluation de la situation sécuritaire régionale et d’affermir les opportunités de coopération avec l’Alliance ».

Or, il est clairement question de bien plus que cela : le communiqué suscité indique lui-même que Abdeltif Loudiyi et l'amiral Rob Bauer se sont spécifiquement attardés sur la coopération entre l’OTAN et le Maroc dans les domaines de formation et de renforcement des capacités. Un point sur lequel plus tard, dans le point presse qu'il a donné, l'amiral Rob Bauer est revenu directement, en mettant l'accent sur la nécessité « d’écouter mieux et plus activement ses partenaires et d’investir dans le capital humain et dans la compétence ».

Une véritable déclaration d'intention, dont selon les observateurs la traduction concrète ne prête à aucun équivoque : que le Maroc soit accompagné de façon plus approfondie au plan militaire, de sorte à pouvoir mieux parer aux diverses menaces régionales, parmi lesquelles l'amiral Rob Bauer a lui-même mentionné les groupes extrémistes, le terrorisme et la prolifération nucléaire. Chose qui fera grandement les affaires de l'OTAN, qui ainsi sera à même de mieux sécuriser le flanc méridional de la Méditerranée, où la partie marocaine donne d'ailleurs déjà un large satisfectit en coopérant dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale ainsi que de la sécurité maritime.

Pour sa part, le Maroc semble plus que disposé à se rapprocher davantage de l'OTAN, dont il faut rappeler qu'il est depuis juin 2004 allié majeur non-membre, un statut dont, dans le monde arabe, ne jouissent par ailleurs que l'Égypte, la Jordanie, Bahreïn, le Koweït, la Tunisie et le Qatar. À l'issue de leur entrevue, Abdeltif Loudiyi et l'amiral Rob Bauer ont, selon le communiqué de l’Administration de la Défense nationale, fait part « de l’ambition et la volonté communes de consolider, à l’avenir, les relations unissant le Royaume du Maroc et l’OTAN ».

Rien qui, soit dit en passant, ne laisse présager grand-chose de bon pour l'Algérie. Certes, l'amiral Rob Bauer s'était également rendu, du 17 au 19 avril 2024, dans la voisine de l'Est, où entre autres il avait pris l'attache du général de corps d'armée Saïd Chengriha, chef d'état-major de l'armée algérienne. Mais dans une adresse au personnel et aux élèves de l’École de guerre d'Alger, il avait ouvertement fait part de « différences », bien qu'il ait enveloppé son propos des circonlocutions diplomatiques usuelles.

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