Maroc-Algérie: Le degré zéro de la coopération
Entre Alger et Rabat, la coopération est au point mort. Plus précisément dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Alors que les deux voisins constituent des cibles privilégiées pour Daech et Al Qaida dans le Maghreb (Aqmi). Un constat déplorable qui a constitué la principale conclusion du rapport annuel du Département d’Etat américain sur le terrorisme pour la région du Maghreb. Une réalité confirmée par Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur, dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique dans son édition datée du 22 juin 2015: «Le Royaume et son voisin sont au niveau zéro de la coopération sécuritaire.
Les deux pays se tournent le dos». Et la situation n’est pas près de connaître un dénouement dans un futur proche. Sur les mêmes colonnes de Jeune Afrique, M. Hassad a confirmé la mise en place progressive au niveau des frontières avec l’Algérie, d’une barrière protectrice dans le but, justement, de contrer l’infiltration des terroristes sur le territoire marocain. Car plus personne ne peut nier que la menace terroriste plane sur le Maroc, autant que sur ses voisins, la Tunisie et l’Algérie.
Instabilité politique
Depuis un peu plus d’un an, le Royaume est en état d’alerte maximum. Depuis 2013, le pays a démantelé au moins 27 cellules terroristes. Selon les autorités marocaines, de 1.500 à 2.000 jihadistes marocains combattent actuellement en Syrie et en Irak. Au moins 128 Marocains ont fait l’objet d’enquêtes dès leur retour au Maroc. Les dernières arrestations opérées par le bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), dans les rangs des disciples et sympathisants de Daech montrent l’activisme de ce groupe terroriste, qui recrute massivement parmi une jeunesse en proie à la pauvreté et l’ignorance.
Mais c’est au niveau des frontières que le risque terroriste prend des proportions alarmantes. L’Algérie est beaucoup plus exposée à une forte menace d’enlèvements, notamment dans les zones montagneuses de Kabylie et dans le grand sud, qui pourraient être commis par l’Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) de Abdelmalek Droudkel et al-Murabitoun de Mokhtar Belmokhtar ainsi que le groupe terroriste Jund al-Khilafat fi Ard al-Jazayer, apparu en 2014 à la suite d’une scission de l’Aqmi et qui a juré allégeance à l’Etat islamique en Irak et le Levant (ISIL). Les enlèvements et versement de rançon alimentent l’Aqmi de montants importants, note le rapport.
L’instabilité politique dans certains pays du Maghreb nourrit ces groupuscules terroristes et leur balise le terrain. Leur existence dépend de l’efficacité de la coopération entre tous les pays de la région et notamment avec le Royaume, qui est considéré comme un modèle à suivre dans la lutte contre le terrorisme.