Sur les 50 milliards de DH (MMDH) de financements accordés annuellement à l’agriculture, la partie supportée par les banques nationales représente environ 20% dont 80% est assurée par le groupe Crédit agricole du Maroc. C’est dire que le groupe bancaire public est le bailleur de fonds par excellence de ce secteur stratégique dont les besoins en financements s’accroissent d’année en année. Pour faire face à ses besoins et bien que l’agriculture soit toujours un secteur à risque élevé qui dépend en grande partie de la pluviométrie, les banques nationales ont décidé de mobiliser leurs fonds pour apporter des solutions bancaires alternatives aux agricultures.

Bailleur de fonds
Le groupe Banque populaire arrive au deuxième rang des banques marocaines qui assurent un financement agricole conséquent. Dès le lancement du Plan Maroc Vert (PMV), ce groupe dirigé actuellement par Mohamed Karim Mounir s’est engagé sur un programme ambitieux de financement de l’agriculture. Doté d’une enveloppe budgétaire de 20 milliards de dirhams sur une période de cinq ans, ce programme a prévu des solutions de financement adaptées à chaque secteur. Cultures céréalières, oléiculture, produits maraîchers, viandes rouges, agrumes, lait, aviculture ainsi que l’équipement agricole, le programme Filahi du groupe Banque populaire se veut une solution qui prend en considération les particularités de chacune de ces filières. «C’est une gamme complète de services destinés à soutenir les différentes filières agricoles en proposant aux opérateurs un ensemble de packs regroupant tous les services bancaires proches de leurs attentes», avait ainsi expliqué un haut responsable de la banque.

Batterie de mesures
Selon ce dernier, cette batterie de mesures comprend notamment des solutions de financement d’investissement souples et adaptées aux spécificités de chaque filière, des formules de crédits spécifiques pour le financement du cycle d’exploitation ainsi que des produits diversifiés pour l’accompagnement du développement à l’international. Pour renforcer son assise financière, le groupe à l’emblème du cheval a signé récemment un partenariat de financement de 36 millions de dollars avec la Société financière internationale (SFI) filiale du groupe Banque mondiale, portant sur une enveloppe de 36 millions de dollars pour soutenir l’expansion de la micro-irrigation, l’énergie solaire et les systèmes de gestion efficace de l’eau au Maroc. Autres banques présentes dans le secteur: Bank of Africa qui propose le crédit Agridev (développement agricole), son produit phare, destiné aux exploitants qui désirent financer un projet de création ou d’expansion d’une ou plusieurs exploitations agricoles. Bien que destiné aux grands agriculteurs, ce produit a connu un franc succès dans le secteur en raison de sa souplesse et sa consistance financière (il finance plus de 80% du projet).

La banque de Othman Benjelloun propose également deux offres bancaires singulières: Cap Énergie, destiné au financement de projets énergétiques en lien avec l’agriculture, et Cap Valoris qui se consacre à l’agrobusiness. Il y a aussi le Crédit du Maroc, qui est passé récemment sous la coupole du groupe marocain, Holmarcom, après avoir quitté le giron du groupe français, Crédit agricole. Ce changement d’actionnariat, il faut bien le dire, marque la vie et l’histoire de cette banque jeune, dynamique et innovante qui ne cesse de redoubler d’efforts pour renforcer sa présence sur le marché bancaire national.

Dans le secteur agricole, le Crédit du Maroc est toujours fortement présente à travers un stand régulier, l’un des plus grands dans la pavillon des institutionnels au Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM). Banque partenaire des opérateurs du secteur agroindustriel, la filiale du groupe Holmarcom propose depuis belle lurette des solutions bancaires à leurs projets personnels comme professionnels à travers des produits de financement, de bancassurance et de banque au quotidien. Pour accompagner les agriculteurs, un réseau de conseillers spécialisés est à leur disposition pour leur proposer des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques. Elle intervient notamment dans la gestion de la trésorerie, axe de conseil et d’accompagnement important pour permettre aux exploitants agricoles de placer leurs excédents de trésorerie tout en bénéficiant de la disponibilité des fonds selon leurs besoins. L’accompagnement bancaire assuré par Crédit du Maroc s’exprime également par des partenariats étroits entre la banque et les principaux acteurs du machinisme agricole.

Solutions adaptées
Grâce à ces partenariats, des tarifs négociés et préférentiels sont accordés aux clients de la banque. Pour la filière agroindustrielle, la banque déploie un dispositif de financement complet baptisé Global Filières Agro. Selon un responsable de la banque, c’est une solution sectorielle à la fois globale et clé en main. Ce dispositif comprend deux lignes de financement. La première, Global Agro Treso, qui regroupe l’ensemble des produits de financement de court terme et cible notamment les besoins en trésorerie des campagnes agricoles et la deuxième, Global Agro Invest, qui incorpore l’ensemble des offres d’investissement en équipement et matériel agricole. Ce dispositif, pour le moins stratégique, est complété par des services de banque au quotidien englobant des opérations d’import et d’export ainsi que des partenariats pour les besoins privés des agriculteurs. Il faut dire que le secteur bancaire national ne se cache plus derrière le risque élevé de ce secteur stratégique de l’économie nationale, mais il prend désormais les choses en main pour apporter le financement nécessaire pour le rayonnement de l’agriculture marocaine à l’échelon national et international.