QUESTIONS À EL MILOUDI EL MOUKHAREK, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UMT

El Miloudi El Moukharek : "La hausse des salaires que nous avons arrachée est importante"


Le 29 avril 2024, vous avez signé un accord avec le gouvernement et le patronat pour clore le round du dialogue social. Etes-vous réellement satisfaits des résultats obtenus ?
Satisfaits, oui puisqu’on a pu arracher une hausse de salaires de l’ordre de 1.000 DH qui sera versé pour la première tranche en juillet 2024, la deuxième en 2025. Ceci pour les fonctionnaires. Pour les employés du secteur privé et malgré les réticences du patronat, on a fini par avoir une augmentation des salaires et du SMIG à partir de 2025.

Ce n’est pas tout pour ce qui est des salaires: nous avons pu avoir une baisse de l’impôt sur le salaire qui passera de 38 à 37% et le salaire minimum imposable passera de 4.000 DH à 6.000 DH. Tout cela est nature à venir en aide aux salariés qu’ils soient du secteur public, semi public, collectivités locales ou privé. C’est une revalorisation du salaire net des employés.

Le document qui a été signé par les centrales syndicales les plus représentatives, le patronat et le gouvernement évoque également la question de la réforme de la retraite. Avez-vous accepté les propositions du gouvernement ?
L’UMT est une centrale syndicale responsable et engagée aux côtés des salariés. Nous sommes pour la négociation et toute discussion sur le dossier de la retraite, nous serons là avec des propositions concrètes, mais nous ne pouvons accepter les propositions du gouvernement qui a repris le projet de réforme paramétrique élaboré par les gouvernements précédents. C’est quoi la notion de réforme paramétrique? Elle repose sur deux éléments clés à savoir la baisse du montant des pensions et l’allongement de la durée des cotisations, donc des années de travail.

Autrement dit, le salarié qui a cotisé toute sa vie active pour avoir une pension de retraite décente se retrouvera avec une pension revue à la baisse parce que ceux qui sont sensés fructifier son argent – les caisses de retraite – ne l’ont pas fait, et pour certaines l’ont mal géré. L’Etat doit d’abord nous expliquer où est parti l’argent des caisses de retraite et pourquoi il n’a pas été fructifié selon les règles d’usage. Ensuite, nous sommes catégoriquement contre l’obligation que l’on veut faire aux salariés de travailler au-delà des 60 ans. C’est une option qui doit rester facultative pour les salariés qui le souhaiteraient. C’est dans cet état d’esprit que nous comptons aller au mois de septembre 2024 pour les discussions autour de ce dossier de la retraite.

Et pour le droit de grève, où en sont les négociations ?
D’abord, je dois vous rappeler, et ce au risque de me répéter, que le droit de grève est un droit constitutionnel. Aucun gouvernement ou pouvoir n’a le droit de l’annuler par n’importe quel texte de loi. Il y a depuis toujours, dans la constitution marocaine cette phrase qui dit qu’une loi organique sera adoptée pour déterminer les modalités de l’exercice de ce droit. Des modalités qui existent d’ailleurs, puisqu’avant de recourir à la grève, il y a les négociations puis le préavis de grève et dans certains secteurs l’obligation de maintenir un minimum de service, comme pour les urgences et réanimations médicales…

Les syndicats en général, et l’UMT, en particulier, on a toujours été responsable dans l’exercice du droit de grève. L’UMT a toujours défendu l’outil de travail comme elle a défendu les salariés. Une entreprise qui ferme, c’est une perte pour les salariés. Nous sommes ouverts en tant que centrale syndicale à toute discussion pour élaborer cette loi organique, mais pas dans le sens de bloquer le recours à ce droit constitutionnel. L’UMT est avant tout et depuis toujours un syndicat citoyen. Espérons que le gouvernement soit en mesure de proposer une loi qui respecte la Constitution et le Code sur les libertés publiques. Rendez-vous est pris pour septembre 2024.

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