Financement. Après les années de crise, les opérateurs du secteur textile reprennent confiance et croient plus que jamais en l’avenir de leur secteur. Un secteur qui séduit de plus en plus les investisseurs, et à leur tête les banques.
L’organisation à Marrakech du double salon textile “Maroc in mode” et “Maroc Sourcing” arrive à point nommé pour donner un coup de fouet au secteur du textile. Mohamed Sajid et ses collègues de l’Association Marocaine de l’Industrie du Textile-Habillement (AMITH) ont fait du beau travail. Par leur organisation efficace, ils ont réussi à attirer plus de visiteurs étrangers (1.500 sont attendus), notamment des acheteurs internationaux (pas moins de 350) et autres responsables commerciaux ou de création.
Autant de professionnels marocains et étrangers plus que jamais confiants en la croissance d’un secteur qui n’a que trop souffert d’un rythme d’évolution trop lent. Alors que celui-ci devait marquer une rupture ces deux dernières années, avec la mise en place d’une stratégie de développement sectoriel. Une stratégie concrétisée par un partenariat public-privé scellé entre l’AMITH et le gouvernement, représenté, notamment, par le ministère de l’Industrie, que dirige Moulay Hafid Elalamy.
Un partenariat basé, pour une fois, sur la concordance des visions entre opérateurs privés et l’État. Un partenariat qui se décline sous forme de contrats-performance pour 6 écosystèmes textiles dans le cadre d’un plan d’accélération industrielle. L’organisation du salon fait d’ailleurs écho à la logique des écosystèmes et aux choix stratégiques adoptés par le secteur textile-habillement avec une segmentation en 5 univers: fast fashion, denim, maille et équipement de personne et vêtement d’image, de sport et loisirs.
Accord de financement
Moulay Hafid Elalamy, qui a inauguré le salon en compagnie de Mamoun Bouhdoud, ministre délégué chargé des petites entreprises et de l’intégration du secteur informel, y croit dur comme fer à la reprise du secteur textile-habillement. «Un secteur qui ne peut que s’inscrire dans une dynamique de croissance soutenue», souligne-til avec force. Reprise qui n’a pas laissé indifférentes les banques marocaines, qui vont tout faire pour faciliter le financement de cette industrie qui emploie pas moins de 156.500 salariés et réalise un chiffre d’affaires à l’export de 33,3 milliards de dirhams.
C’est dans ce sens que le groupe Banque Populaire a conclu un accord de financement avec les professionnels du secteur en mettant à leur disposition des solutions concrètes et innovantes. Objectif: répondre à leurs préoccupations en matière d’investissement, de renforcement des fonds propres, d’optimisation de la trésorerie et de développement à l’international. Parmi les offres proposées dans le cadre de cet accord, on retiendra l’avance sur le crédit de TVA, qui permet notamment aux entreprises exportatrices de disposer d’un relais de trésorerie dans l’attente de leur remboursement ou encore le financement en relais sur les subventions et le crédit de transmission.
Ces initiatives ne peuvent que satisfaire les opérateurs du secteur qui doivent rattraper le temps perdu et se mettre à l’heure de la compétitivité. Notamment en améliorant le chiffre d’affaires à l’export.
Signes encourageants
L’objectif n’est autre que d’atteindre un chiffre d’affaires entre 85 et 95 milliards de dirhams à l’horizon 2050. Objectif qui n’est pas hors d’atteinte puisque, selon une récente étude de l’Institut français de la mode (IFM), le Royaume est arrivé à gagner des parts de marché dans le sourcing européen. Sur le marché espagnol, le textile marocain affiche des performances encore meilleures, avec un montant des exportations de 743 millions d’euros sur un total de 6,7 milliards d’importation payés par l’Espagne.
Dans la même foulée, l’un des principaux concurrents du Maroc sur les marchés européens, à savoir la Chine, est en train de recentrer sa production textile sur son marché intérieur, laissant, ainsi, apparaître des opportunités à saisir par les textiliens marocains. Ainsi, le secteur textile-habillement et cuir tire les exportations marocaines vers le haut. Exportations dont il représente pas moins de 16,7% du total en 2014. Néanmoins, malgré ces signes encourageants, les opérateurs du secteur ne doivent pas dormir sur leurs lauriers.
Le secteur textile-habillement et cuir, jadis premier employeur de l’économie marocaine, n’en a pas moins perdu durant la période 2008- 2014, environ 119.000 emplois, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP).
Certains observateurs ne manquent pas de rappeler, également, que beaucoup reste à faire pour faire face à la concurrence étrangère, notamment turque, sur le marché local. Un marché estimé actuellement à quelque 40 milliards de dirhams, dont 90% sont réalisés par les filières de l’habillement traditionnel et le prêt-à-porter. La concurrence sur le marché local est d’autant plus forte que ce dernier reste dominé non seulement par les ventes du secteur informel mais surtout par des franchises internationales qui fleurissent aux dépens des marques nationales.
Marques, dont certaines comme Diamantine et Marwa affichent non seulement une bonne santé en bousculant l’habillement traditionnel, mais se développent avec succès à l’international. Les pouvoirs publics sont, d’ailleurs, en train d’étudier la possibilité de mettre en place des mesures en vue d’accompagner le développement de ces marques nationales.