Amina Benkhadra, DG de l'ONHYM : “Les nouvelles découvertes sont de petite taille mais économiquement intéressantes”


La société britannique SDX, a annoncé récemment avoir mis au jour un gisement de gaz dans le Gharb. Dans cette interview, la DG de l’office national des hydrocarbures, Amina Benkhadra, nous en donne les détails et fait le point sur les opérations d’exploration menées au Maroc.

La société SDX Energy, basée à Londres, a annoncé, fin septembre 2023, la découverte d’un important gisement de gaz dans le bassin du Gharb. Est-ce quelque chose que vous confirmez à votre niveau?
La zone du Gharb est connue depuis les années 1940 pour son potentiel en gaz biogénique. Les efforts menés par l’ONHYM et ses partenaires, et notamment SDX Energy en exploration gazière, ont été couronnés par la découverte de plusieurs gisements productifs de gaz dans ce bassin. Ces découvertes sont de petite taille mais sont économiquement intéressantes grâce à l’existence d’un réseau de gazoducs et à la proximité de plusieurs industries dans la Province de Kenitra. Il s’agit donc bien d’une petite découverte de gaz similaire aux précédentes déjà mises en évidence et exploitées pour satisfaire les besoins en énergie des clients industriels de la zone de Kénitra.

Avez-vous une idée précise sur les quantités de gaz qui pourraient être exploitées dans ce gisement?
Le nouveau puits foré durant le mois de septembre a montré la présence de niveaux minces sablo-gréseux, imprégnés de gaz, qui seront perforés et testés incessamment, afin d’estimer les quantités de gaz récupérables de ce gisement. Si les résultats de test sont concluants, le puits sera connecté au réseau de gazoducs existant pour acheminer le gaz aux consommateurs industriels.

La société SDX Energy est une entreprise étrangère d’exploration et d’exploitation pétrolière et gazière qui opère au Maroc depuis plusieurs années. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses acitivités?
SDX Energy est présente au Maroc depuis 2017, suite à l’acquisition des actifs de la société Circle Oil Maroc sur le bassin du Gharb. Depuis cette date, la société SDX a foré une trentaine de puits dont la plupart sont positifs, en plus de l’acquisition d’un total de 318,60km² de sismique 3D.  

Est-ce qu’on peut avoir une idée actualisée sur les découvertes réalisées au Maroc et les opérations d’exploration encore menées?
Il convient tout d’abord de rappeler la découverte réalisée au niveau de la zone de Tendrara en partenariat avec la société Sound Energy. Le développement de cette découverte est en cours à travers deux projets: une production de gaz naturel liquéfié (GNL) destinée aux industriels, et une production de gaz pour les centrales de l’ONEE (Office national de l’électricité et de l’eau potable), à travers la mise en place d’un gazoduc qui acheminera le gaz de Tendrara vers le gazoduc Maghreb-Europe. Pour la découverte réalisée en 2022 sur le permis de Lixus Offshore, les études sont en cours de réalisation avec notre partenaire Chariot Oil and Gas pour définir son plan de développement.

Qu’en est-il des projets d’exploration en cours?
En ce qui concerne les projets d’exploration en cours, il s’agit essentiellement des études géologiques et géophysiques menées par nos partenaires en offshore et en onshore, en plus des puits qui ont été forés par la société Predator Gas dans les permis de Guercif (entre janvier et juillet 2023), et le forage en cours d’un puits d’exploration dans l’offshore de Tarfaya par la société ENI (démarré courant septembre). En outre, l’ONHYM mène par ses propres moyens des projets d’évaluation du potentiel des différents bassins sédimentaires du pays, notamment en offshore atlantique et en méditerranée, et dans les bassins onshore de Zag, Missour, Errachidia et Laâyoune-Boujdour.


Exploration du pétrole et du gaz

13 sociétés étrangères opèrent au Maroc

Les découvertes potentielles de pétrole et de gaz au Maroc se suivent et se ressemblent. Avant la société britannique SDX, qui a révélé la découverte d’un gisement de gaz dans le Gharb, c’était une autre société britannique, Predator Oil & Gaz, qui avait annoncé, le 30 août 2023, le démarrage de son programme d’essais dans un puits en onshore dans la région de Guercif, où de nouvelles opportunités de forage sont en cours d’évaluation. 

En quelques années seulement, le nombre de sociétés étrangères intéressées par le potentiel pétrolier et gazier du Royaume n’a pas cessé d’augmenter. Au total, selon des données diffusées récemment par le ministère de l’ Énergie et des Mines, pas moins de 13 sociétés pétrolières étrangères ont opéré au Maroc dans le cadre de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures, et ce sur une superficie globale de 126.913,28 km² comprenant 8 concessions d’exploitation des hydrocarbures, 54 permis de recherche dont 26 en offshore et 3 autorisations de reconnaissance dont 1 en offshore.

Entre 2000 et 2023, les sociétés d’exploration ont foré avec succès un total de 67 puits, dont 40 ont révélé la présence potentielle de gaz naturel. Ces réalisations, bien qu’elles soient de petite envergure selon les estimations techniques de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), ont contribué sans aucun doute à conférer au Maroc un véritable statut d’eldorado pour les investisseurs étrangers. Bien que la Samir, la compagnie pétrolière nationale, avait arrêté sa production depuis 2015, année de l’annonce officielle de sa faillite économique et financière, le Maroc avait réussi à assurer une production nationale en hydrocarbures. En 2021, cette production a atteint environ 110 millions de mètres cubes en gaz naturel et près de 5.000 tonnes de condensat. Un niveau encore très faible en comparaison à la consommation nationale, qui dépasse actuellement le milliard de mètres cubes. Quant aux investissements engagés dans le secteur de l’exploration et l’exploitation, le montant tourne autour de 27 milliards de dirhams entre 2005 et 2020, selon une récente estimation de la ministre de l’ Énergie et des Mines, Leila Benali.


 

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