Youssef Haji, militant associatif et auteur du livre "Idbihi, parcours d'un Marocain, 1968-1987"

Youssef Haji Youssef Haji

Maroc Hebdo: Qu’est-ce qui vous a  attiré dans le profil de Mostafa Idbihi  au point de lui consacrer un livre?
Youssef Haji :
Dans mes précédents  livres, je me suis toujours inspiré  des vies des gens du peuple car  j’en fais partie. En 2007, je rentre  au Maroc après plus de 20 ans  d’errance et comme un orphelins  des territoires de migration, je  retrouve Mostafa régulièrement à  Casablanca et Rabat pour garder  prise sur nos mémoires. C’est dans  ces moments que nous décidons  d’écrire notre propre histoire avec  nos propres archives pour que  l’histoire culturelle du Maghreb  garde la trace de ces immigrés qui  ont ouvert les portes de l’Olympia  et autres scènes mythiques de Paris  à Sabah, Abdelhadi Belkhayat, Nass  El Ghiwane, Izenzaren, Najat Atabou,  Idir...

Le livre «Idbihi, parcours d’un  Marocain 1968-1987» est dans  toutes les librairies au Maroc et  bientôt en France et sur les réseaux  de vente par le net. La singularité de Moustafa, comme dit magistralement  le philosophe Ali Benmakhlouf, est  «d’avoir battu en brèche la séparation  entre arts de l’esprit et arts manuels».

Parlez-nous de votre premier contact  avec cet homme. Quelle impression  vous a laissée cette première  rencontre?
Youssef Haji:
J’ai croisé le chemin  de Mostafa Idbihi, en 1984, à  Gennevilliers, à l’occasion du  Moussem de l’immigration marocaine  en Europe. Dans les années 90,  Mostafa, avait une boîte de production  audio vidéo, à Barbès, à quelques  mètres des locaux de l’Association  des travailleurs marocains de France  (ATMF) où, j’assurais, entre autres, la  publication du journal «Zmigri News  ». Mostafa me donne l’impression  d’une bibliothèque ambulante. Il raconte, comme un conteur des  temps modernes avec beaucoup  d’autodérision, des pages d’une  histoire encore vivante.

Que nous enseigne le parcours de  cet homme sur le vécu des immigrés  marocains en France?
Youssef Haji :
Le vécu des migrants?  Malgré le travail infernal, le racisme,  la nostalgie reste aussi un vécu de  solidarité entre Maghrébins, Français  et autres nationalités. L’aide à la  famille restée au pays, l’accueil des  nouveaux arrivants, la fête, l’adoration  d’un Dieu clément et le rire restent  gravés dans le parcours de chacun  des migrants.

Que fait aujourd’hui Idbihi dans la vie?  Est-il rentré au Maroc ou a-t-il fait le  choix de rester en France?
Youssef Haji :
Comme les anciens  travailleurs, Mostafa vit entre Paris  et Casablanca. Une vie entre valise  et valise. Mostafa est aussi membre  fondateur de l’Association des  Anciens Travailleurs de Renault-île  Seguin, avec laquelle nous avons  mené, à la demande du Conseil de la  communauté marocaine à l’étranger  (CCME), la Caravane «Mémoires Vives»  avec des expositions, rencontres,  débats et visites aux anciens  travailleurs de Renault encore en  vie, dans la région Souss-Massa-Draa.  Des milliers d’écoliers et de familles  d’immigrés de Tiznit, Aït Melloul,  Ouled Teïma, Agadir…ont pu, enfin,  découvrir la vie de leurs proches  au-delà des mers.

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