Le WAC est sur le toit de l’Afrique après avoir remporté sa troisième Ligue des champions aux dépens des Égyptiens d’Al Ahly.
Casablanca, lundi 30 mai 2022. Boulevard d’Anfa. Il est 16h. Le soleil dicte sa loi. Ses rayons éclairent les environs. Une canicule qui ne freine guère l’enthousiasme d’un groupe de jeunes, habillés en rouge et blanc, qui chantent et dansent au rythme de décibels très animés. De l’autre côté, au croisement entre l’avenue des FAR et le début du boulevard, d’autres crient à hautes voix des chants en arabe.
Tout en harmonie. Avec ardeur. Que dire de ces conducteurs de deux roues et de ces véhicules, drapés aux mêmes couleurs, qui klaxonnent à tue-tête. Et pour colorer davantage l’ambiance, certains d’entre eux achètent des drapelets vendus par des marchands qui profitent des arrêts aux feu rouge pour écouler leurs marchandises. Tous ont une seule destination: le Complexe sportif Mohammed V. Ils ne voudront rater, pour rien au monde, la finale de la Ligue des champions CAF opposant leur club, le Wydad, à Al Ahly. De surcroît, dans leur stade fétiche.
Show d’El Moutaraji
19h55. La pression atteint des niveaux insoupçonnés. Le public déploie un magnifique tifo et chauffe les gradins. Les vingt-deux acteurs foulent la pelouse, accompagnés de l’arbitre sud-africain Victor Gomes et de ses assistants. L’ambiance est à son comble. Atmosphère indescriptible. Après les accolades et poignées de mains entre coachs et joueurs, place aux choses sérieuses. Dès les premières minutes du match, les joueurs wydadis montre la couleur et imposent le tempo. Pressing intense, repli défensif, duels physiques… Rien n’est négligé pour faire déjouer les Egyptiens. Une tactique payante. Les hommes du coach Pitso Mosimane peinent à développer leur jeu, contraints de balancer de longs ballons à leurs attaquants, en vain. Trouvé aux abords de la surface de réparation, l’attaquant international congolais Guy Mbenza déclenche une frappe qui atterrit sur la barre transversale. Premier avertissement.
15e minute, la délivrance. Zouheir El Moutaraji envoie une «missile» de 35 m du pied droit, qui finit sa course sous la lucarne du portier El Shennawy. Les supporters sont en transe. Le banc est aux anges. Pluie de fumigènes sur la pelouse pour aromatiser l’ambiance. Douche froide pour le double-champion en titre. Il est temps de réchauffer la machine. Aux manettes, le relayeur malien Aliou Dieng, le latéral gauche tunisien Ali Maaloul ou encore Hussein Elshahat. Le «National du Caire» confisque le ballon et domine les débats. Le WAC campe sur ses bases et repousse les timides assauts, sous la houlette de son capitaine Yahya Jabrane. Possession stérile, hormis quelques échappées éclaires de l’attaquant international sud-africain Percy Tau. Fini le premier acte, direction les vestiaires.
Trois minutes après le retour sur le rectangle vert, l’extase. El Moutaraji s’illustre à nouveau, en reprenant, du pied gauche, un centre venu de sa droite. Sa frappe repoussée dans un premier temps par le gardien égyptien, le virevoltant numéro 7 revient à la charge pour loger la balle dans le petit filet. Le stade est en ébullition. Les supporters égyptiens sont ébahis par ce spectacle inédit. Mines tristes sur le banc égyptien.
Destin implacable
L’accolade expressive entre Jabrane et Regragui contraste avec le silence poignant de Mosimane et de ses adjoints. L’heure est grave. Le destin semble implacable. C’est un jour sans ! Ambiance dans les gradins, mais aussi sur la tribune officielle. Le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaâ, et le ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, affichent un large sourire, aux côtés du président de la Fédération internationale de football, Gianni Infantino, celui de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, et de son premier vice-président, le Sénégalais Augustin Senghor. De l’autre côté des VIP, le barcelonais Ousmane Dembele apprécie ce scénario.
Dos au mur, le staff d’Al Ahly lance ses dernières cartouches. L’attaquant Mohamed Cherif et Mohamed Magdy (52e), d’Amro El Soulia et de Salah Mohsen (70e), et enfin le vétéran Oualid Soulaimane (84e) viennent à la rescousse de leurs coéquipiers. Les velléités offensives se multiplient. Sur une passe en profondeur, Tau essaye de prendre de vitesse la défense, mais c’était sans compter sur la vigilance du portier Réda Tagnaouti, qui lui chipe le cuir sur ses pieds.
Vers un quadruplé…
Le Wydad plie mais ne rompt pas. Gomes siffle la fin de la partie. Mine triste, regard hagard, bras croisés, Pitso Mosimane semble perdu. Les Egyptiens sont abattus. Le champion en titre dépose les armes. Troisième Ligue des Champions pour le Wydad, après son deuxième titre remporté en 2017 contre le même adversaire grâce à une réalisation de Walid El Karti.
Les «rouges et blanc» égalent ainsi leur grand rival du Raja et permettent au Maroc de glaner son septième graal dans cette compétition, si on comptabilise le triomphe de l’AS FAR de 1985. Au firmament, Régragui et ses joueurs baignent dans le nirvana.
L’appel du Roi Mohammed VI pour féliciter les héros du soir couronne le tout. Des «stars» qualifiées pour la prochaine Coupe du monde des clubs, qui disputeront la Supercoupe d’Afrique contre la Renaissance sportive de Berkane vainqueur de la Coupe CAF, le titre de champion de la Botola, ainsi que les quarts de finale de la coupe du Trône. Un quadruplé historique en ligne de mire.