Vote des Nations unies sur le Sahara marocain

FIXATION SUD-AFRICAINE

Incompréhensible, la position de Pretoria, qui, au sein du Conseil de sécurité, sert de relais aux thèses algéro-séparatistes.

La nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur le Sahara marocain, adoptée à une large majorité mardi 30 avril 2019 à New York, a, comme les précédentes, consacré la position du Maroc. Ainsi, ladite résolution, que les Etats-Unis ont été chargés de rédiger pour la troisième fois consécutive après avril et octobre 2018, se félicite des efforts «sérieux et crédibles» du Royaume en vue d’un règlement de ce conflit. En outre, l’Algérie est de nouveau pointée du doigt en tant que partie prenante dudit conflit, elle qui nie toute implication de sa part depuis le commencement de ce dernier en novembre 1975 bien qu’elle finance, abrite, arme et soutient diplomatiquement le mouvement séparatiste du Front Polisario.

«Le Conseil de sécurité reconnaît, de ce fait, qu’une implication forte, continue et constructive de l’Algérie est nécessaire pour mettre un terme à ce différend régional qui n’a que trop duré,» s’est, ainsi, félicité le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita. Naturellement, cette prise de position de la part de la plus haute instance onusienne n’est pas pour plaire à tout le monde. L’Afrique du Sud et la Russie, qui ont été les deux seuls pays à ne pas voter pour la résolution (sur quinze, au total), ont toutes deux opposé des réactions au vitriol au texte. Mais là où l’on peut comprendre que Moscou veuille ménager l’Algérie, le pays de Nelson Mandela détone pour sa part, surtout qu’il est allé jusqu’à prendre à partie les Etats-Unis en raison de la différence de conception avec ces derniers par rapport au conflit du Sahara marocain. L’Oncle Sam a, ainsi été accusé d’avoir commis un document «pas équilibré» -même la Russie, pourtant autrement puissante, n’a pas usé d’un vocabulaire aussi acerbe. C’est à se demander ce qui fait se mouvoir avec des sentiments anti-marocains aussi forts les Sud-Africains; d’autant plus que les concernés ont été très actifs au cours des derniers mois au profit du Polisario et, par là même, de l’Algérie. Rappelons que le 25 mars 2019, Pretoria avait accueilli, sur la base de la rhétorique algéro-séparatiste, un sommet des pays d’Afrique australe, auquel beaucoup de ces pays n’ont finalement pas participé pour prendre part à une conférence africaine, également sur le thème du Sahara marocain, dans la ville de Marrakech; celleci, comme on peut s’y attendre, entièrement acquise au Maroc -37 pays du continent y ont, au final, répondu présents.

Dès le commencement de son mandat, en janvier 2019, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Afrique du Sud a en outre cherché à influer de façon favorable au Polisario dans les coulisses onusiennes. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, apparaît pour ainsi dire comme un opposant de premier plan au Maroc. Avec l’Afrique du Sud, il est vrai, les choses n’ont pas toujours été au mieux: en septembre 2004, le Royaume rappelait son ambassadeur, Talal Rhoufrani, de son poste suite à la reconnaissance par la nation arcen- ciel de la pseudo «République arabe sahraouie démocratique» (RASD), autoproclamée en février 1976 par le Polisario. En janvier 2017, Pretoria est un des pays qui s’opposent le plus à l’adhésion du Maroc à l’Union africaine (UA).

Quand on veut y donner une explication, on trouve que le parti du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis avril 1994, fait une analogie tirée par les cheveux entre la lutte des Noirs contre le régime de l’Apartheid et l’opposition larvée du Royaume et de l’Algérie par le truchement du Polisario. Pourtant, on avait cru à une éclaircie suite aux entretiens qu’ont eus à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en novembre 2017, en marge du sommet Union africaine (UA)-Union européenne (UE), le roi Mohammed VI et le président sud-africain Jacob Zuma. La presse avait alors qualifié ces entretiens de «chaleureux et empreints de franchise et de bonne entente».

Mais dès que M. Zuma a démissionné en février 2018 en raison d’un large scandale de corruption dans son administration, l’Afrique du Sud a repris petit-à-petit ses habitudes d’antan. Pour pleinement mesurer les crispations dans l’air, il faut savoir que Youssef Amrani, nommé ambassadeur le 20 août 2018, n’a toujours pas été reçu par M. Ramaphosa ou un de ses représentants, et par conséquent il ne peut pas encore assumer la charge qui lui a été confiée. En l’état actuel des choses, on peut, en fait, s’attendre à tout moment à une rupture en bonne et due forme des relations entre les deux pays.

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