Distribuer des vaccins partout dans le monde représente plus que jamais non seulement un impératif sanitaire et économique mais aussi éthique. Or, l’organisation actuelle de la vaccination mondiale pose un véritable problème d’équité. Les gouvernements de la planète ont d’ores et déjà acheté 8,9 milliards de doses, mais les pays les pays pauvres ne vont recevoir que 28% du total quand ils représentent la moitié de la population mondiale.
Et encore, ces données générales cachent des inégalités insupportables. Ainsi, au moment des pays comme le Canada ou les Etats-Unis vont disposer respectivement de 10 doses par habitant et de 8 doses par habitant, des pays aussi bien développés que ceux appartenant à l’Union européenne ne disposeront que de moitié moins. Ne parlons pas des pays comme le Maroc, bien que le mieux loti parmi les pays en développement, ne dispose que de 2,5 doses de vaccins anti-Covid-19 par habitant.
Quant au reste des pays les plus pauvres ou pays intermédiaires à bas revenus, ils sont tout à fait à la traine : respectivement 1,9 pour le Brésil, 1% pour la Thaïlande, 0,7% pour l’Afrique du Sud, 0,2% pour la Tunisie et un minuscule 0,01 pour le Sénégal. On comprend bien que, compte des incertitudes sur la disponibilité et l’efficacité des vaccins et sur la nécessité d’une injection supplémentaire qui se profile pour 2022, il faut commander plus de trois doses par personne.
Pour beaucoup de pays pauvres, on est très loin du compte. Ne faisant pas partie du club des privilégiés ou la part de la population a reçu au moins une dose de vaccin, la plupart des individus dans les pays les plus pauvres n’ont pas eu cette chance de se faire piquer. Même le programme Covax, porté entre autres par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et à ce jour le seul mécanisme d’attribution de vaccins qui répond à une logique mondiale, n’arrive pas à livrer plus de 5% du 1,28 milliard d’injections déjà réalisées au niveau mondial.
Heureusement que dans ce panorama général, notre pays arrive à s’en sortir et à tirer son épingle du jeu, en administrant pas moins de 9,9 millions de doses à ses citoyens, sur les 1,28 milliard de doses de vaccin contre le Covid-19 répartis au niveau planétaire.
Ceci n’enlève en rien au fait que le virus continue à circuler. Et de plus belle. Et que la dissémination de nouveaux variants risque d’acheminer la population de certains pays, notamment parmi les 10 les plus vaccinés dans le monde (d’Israël à la Serbie en passant le Royaume-Uni, les Emirats arabes unis, les États-Unis, la Hongrie, le Chili, le Canada, la Finlande, et l’Allemagne) tout droit vers une quatrième vague.
Donc toute stratégie qui consiste à vacciner uniquement une partie de la population mondiale n’est pas une stratégie efficace, car une pandémie mondiale ne peut être combattue seulement par une réponse nationale, mais par l’union de et la coopération de tous les pays de la planète.