
Les communales et les régionales du 4 septembre signent la fin d’un long serpent électoral
Le train des élections professionnelles, communales et régionales poursuit sa progression lente, cahoteuse, chargée de promesses et d’inquiétudes diversement exprimées. C’est en juin 2015, avec l’élection des commissions paritaires du secteur public et des délégués du personnel du privé, que le train électoral est parti.
Puis, il a fait escale pour embarquer les élus des chambres professionnelles, le 7 août; avant d’arriver au terminus aux locales et régionales le vendredi 4 septembre 2015. Comme tous les trains, qui se respectent, celui-ci a accusé un sérieux retard, suite aux reports successifs demandés par les partis engagés dans ces scrutins. Des électeurs l’ont tout de même pris, d’autres pas. En clair, ce sont ces derniers et le taux d’abstention qu’ils représentent, qui ont retenu l’attention; plus que la ventilation des résultats sur la toile partisane. Le syndrome des professionnelles du 7 août, avec un tiers de participants, a lourdement pesé sur la consultation du 4 septembre.
Geste citoyen
La question qui s’est posée est toute simple: comment faire venir les électeurs jusqu’aux urnes, alors que les membres d’un même corps de métier, directement et étroitement concernés, ne se sont pas crus obligés de sacrifier à ce geste citoyen! Quoi qu’on pourra dire, après coup, sur la régularité de ce marathon électoral, c’est son degré d’attractivité et les appels à la participation qui auront dominé les débats. L’administration qui encadre cette opération y a largement contribué en mobilisant les médias publics et privés; ainsi que l’exploitation des possibilités offertes par les nouvelles technologies. Après plusieurs prolongations des délais d’inscription sur les listes électorales, les cartes d’électeurs ont été simplement supprimées et remplacées par la seule CIN. Dans le discours du 20 août 2015, S.M. le Roi s’est longuement attardé sur le sujet. Ceci pour dire que l’analyse des données de cette dernière étape votative devra forcément passer par le tamis de la participation et de l’abstention.
Recours en justice
La campagne électorale, quant à elle, n’a pas manqué de ces couleurs et paradoxes qui caractérisent le champ politique marocain. On a ainsi vu le Mouvement populaire déposer un recours en justice contre le RNI pour débauchage de candidats. Un nomadisme anticipé qui renseigne sur la nature de la majorité gouvernementale et sa cohésion supposée. On a même observé, avec une pointe de curiosité et d’amusement, au gré des méandres de la carte électorale et de ses entournuressurprises, des alliances entre des entités que l’on croyait définitivement antinomiques et irréconciliables, tels le PAM et le PJD. À un niveau plus bas, l’âne a refait son apparition sur la scène politique. À son corps défendant, cet équidé, qui est loin d’être plus bête que ses employeurs, a dû payer de son innocence impartiale, comme support électoral. Il a été affrété, dans la circonscription d’Errachidia, par le parti Al Amal pour contrer l’ancien ministre PJD, Lahbib Choubani, qui a de sitôt porté plainte. La SPA marocaine devrait se constituer partie civile pour défendre l’âne.
Par ailleurs, un salafiste excessivement modéré a produit une fetwa in situ, séance tenante en campagne, il a décrété que voter pour le PJD est une obligation religieuse. Autrement dit, le pluralisme d’accord, mais avec des islamistes qui raflent la mise; un peu comme l’Allemagne dans le foot.
Des exemples du même tonneau sont nombreux. Ils ne sont vraiment pas de nature à rendre un peu plus lisible l’espace politique national, encore moins à donner à comprendre et à faire son choix au commun des électeurs. Pour celui-ci, toute cette manifestation grandeur nature n’est qu’une immense mise en scène. Foultitude de problèmes
Il en conclut que la chose politique n’est qu’un jeu de rôles, à des années lumière de la foultitude de problèmes de palier qui meublent son quotidien; et que cette élection, dite de proximité, est censée résoudre. Sa conviction est alors toute faite. Il vote avec les pieds, en allant à la pêche. Tout a été fait pour que ça ne soit pas le cas, cette fois-ci. Il n’en demeure pas moins que la pente à remonter est rude, tellement le passif cumulé est fastidieux.
Proprement regrettable pour ce genre d’élections qui constitue l’acte fondateur d’une démocratie en construction comme la nôtre.