L'UE veut faciliter l'immigration légale de "compétences et de talents" marocains

Un moyen détourné pour contrer l’immigration irrégulière

L’UE cible en premier lieu les pays d’où les immigrés irréguliers proviennent le plus: le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Elle veut limiter les flux migratoires illégaux tout en comblant les déficits en main d’oeuvre auxquels les Européens s’intéressent peu. Une politique qui se contredit avec celle adoptée lorsqu’il s’est agi d’immigrés ukrainiens.

Face à une immigration irrégulière grandissante et surtout difficilement contrôlable, l’Union européenne joue la carte de l’immigration «choisie» ou «sélective» chère à l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Les chiffres sont têtus. Vendredi 6 mai 2022, on apprend qu’en 2021, les autorités marocaines ont secouru 14.236 migrants en route vers l’Espagne -dans l’Atlantique vers les Canaries et en Méditerranée vers le continent européen. Et qu’au cours du premier trimestre de 2022, la Marine royale a porté assistance à 97 personnes.

Malgré les efforts inlassables du Maroc, la Commission européenne pense que la carte de l’immigration légale et professionnelle est la solution pour juguler les flux migratoires. Le 27 avril 2022, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a déclaré que l’institution européenne est prête à commencer cette expérience avec le Maroc, la Tunisie et l’Égypte.

Le jour même, elle publie une directive visant à faciliter l’immigration légale au sein de l’Union Européenne (UE) de «compétences et de talents» dans certains domaines d’activité confrontés à un manque de main-d’oeuvre (Santé, technologie, construction, transport…). Favoriser l’immigration légale sur le Vieux continent en attirant des travailleurs jeunes des pays émetteurs est le but recherché.

Bruxelles entend ainsi simplifier la procédure pour l’obtention d’un permis de travail et de résidence dans les États membres, tout en réduisant les délais de traitement. Les personnes intéressées pourront candidater depuis leur pays d’origine. On leur octroiera un permis unique qui ne sera plus lié à un seul employeur, et ses bénéficiaires pourront donc changer d’emploi en toute légalité.

Permis de travail
La Commission veut également faciliter l’octroi du statut de résident de longue durée qui peut être accordé au bout de cinq ans de résidence légale dans un pays de l’UE. Elle propose de reconnaître dans ces cinq années les périodes de résidence dans différents États membres, facilitant la mobilité de ces personnes au sein des Vingt- Sept. Les droits associés seront améliorés, notamment concernant le regroupement familial: pas de conditions d’intégration, accès au marché du travail pour les membres de la famille, et octroi immédiat du statut de résident de longue durée aux enfants des personnes sous ce statut.

Outre ces modifications légales, la Commission propose des améliorations opérationnelles. L’exécutif européen voudrait mettre en oeuvre pour l’été 2023 une plateforme numérique à l’échelle de l’UE sur laquelle des candidats à l’immigration de pays tiers pourront charger leur profil, afin d’aider les entreprises à trouver les compétences dont elles ont besoin. L’UE a bien fait ses calculs. Elle cible en premier lieu les pays d’où les immigrés irréguliers proviennent le plus. En l’occurrence, il s’agit du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.

Tout bien réfléchi, la Commission européenne veut limiter les flux migratoires illégaux tout en comblant les déficits en main d’oeuvre auxquels les Européens s’intéressent peu. Une politique qui se contredit avec celle adoptée lorsqu’il s’est agi de traiter avec les immigrés ukrainiens. Aucune condition n’a été posée pour ces Européens de l’Est. Deux poids, deux mesures!

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