Instances représentatives : Trois nouvelles institutions pour les Juifs marocains


S.M. Mohammed VI visite «Bayt Dakira». Essaouira, le 15 janvier 2020.

Sur instructions du Souverain ont été initiés au cours du Conseil des ministres du 13 juillet 2022 un Conseil national de la communauté juive marocaine, une Commission des Juifs marocains de l’étranger et une Fondation du judaïsme marocain qui donne la part belle à et consacre la qualité d’exception du Maroc dans le monde musulman.

La sollicitude dont le roi Mohammed VI entoure la communauté juive marocaine est de notoriété publique. En décembre 2020, elle avait été une des raisons pour lesquelles le Maroc avait rétabli, après plus de vingt ans de coupure, ses relations avec Israël, où se trouve la majorité de cette communauté (800.000 âmes selon les propres chiffres du gouvernement marocain).

De fait, il va sans dire que la décision du Souverain de mettre en place un Conseil national de la communauté juive marocaine, une Commission des juifs marocains de l’étranger et une Fondation du judaïsme marocain ne doit guère surprendre. Plus globalement, elle tire, comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, lors du Conseil des ministres tenu ce 13 juillet 2022 au palais royal de la ville de Rabat, son fondement de la charge de Commandeur des croyants et garant du libre exercice des cultes qui incombe au chef de l’État. Ce dernier avait, ainsi, dès avril 2019, donné ses instructions à M. Laftit, qui était alors déjà en poste, pour se concerter avec les représentants de la communauté juive marocaine pour que celleci puisse disposer d’institutions propres qui consacrent l’affluent hébraïque comme partie intégrante de l’identité nationale, et ce conformément aux dispositions de la Constitution du 1er juillet 2011.

Fait symbolique, les instances représentatives juives marocaines avaient alors en même temps connu l’organisation de leurs premières élections depuis 1969. Pour en revenir aux nouvelles institutions, leur objectif affiché semble de donner davantage de moyens aux communautés juives marocaines, qu’elles soient encore installées au Maroc ou qu’elles se soient expatriées, pour d’un côté pouvoir gérer les différents aspects à leur vie tout en cherchant à perpétuer l’identité juive marocaine dans sa spécificité millénaire.

Qualité d’“exception”
Ce qui, en somme, diffère de la dimension purement cultuelle -qui demeure présente, ceci dit- qui était celle des instances qui existaient jusqu’ici. Après, il faudra bien sûr que ces institutions s’activent et trouvent leur rythme de croisière, mais si l’on se base, en tout cas, sur le sentiment d’attachement indéfectible évidemment perceptible chez les Juifs marocains de partout à leur communauté, on peut imaginer que cela permettra, à terme, de redonner vie à une communauté qui, à la suite du déclenchement du conflit arabo-israélien à la création de l’État d’Israël en mai 1948, avait beaucoup perdu de sa superbe, avec principalement l’aliyah de quelque 250.000 Marocains de confession juive.

Au demeurant, les nouvelles institutions renforcent surtout la qualité d’“exception” au niveau musulman du Maroc en tant que terre d’accueil des différentes confessions, aspect souligné par le roi Mohammed VI lui-même lors de la visite effectuée fin mars 2019 dans le Royaume par le pape François Ier et par la déclaration de novembre 2016 du Souverain aux médias malgaches auprès desquels il avait insisté qu’il était “le Commandeur de tous les croyants”.

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