TROIS ANNÉES DE VACHES MAIGRES

EL OTHMANI PRÔNE L’AUSTÉRITÉ EXTRÊME

Hormis les départements de la Santé, de l’Enseignement, de la Défense nationale et de l’Intérieur, et jusqu’en 2023, plus de nouveaux postes d’emplois dans le public. En sus de cela, l’austérité mettra en veilleuse les marchés publics et affectera sérieusement les dépenses de fonctionnement.

Au Maroc, pas seulement 2020 qui sera une année difficile, mais aussi les trois années suivantes. Au moment où l’on s’attendait à voir de plus près les contours de la loi de finances rectificative, le ton a été donné par le Chef du gouvernement.

Le 1er juillet 2020, Saâd Eddine El Othmani, Chef du gouvernement, adresse, en effet, une circulaire (n° 2020/9), aux ministres et ministres délégués, aux hauts commissaires et au Commissaire général, dont l’objet est l’actualisation de leurs propositions relatives à la programmation de leurs budgets pour les trois années à venir 2021-2023. C’est la deuxième du genre en un peu plus de trois mois et demi (la première datant du 11 mars 2020).

M. El Othmani y va sans ambages. Au vu du contexte très particulier lié à la pandémie du Covid-19, et au regard des données macroéconomiques devenues obsolètes depuis (le 11 mars s’entend) empêchant leur exploitation mais aussi des répercussions sur l’économie et sur les recettes de l’Etat réduits comme une peau de chagrin, M. El Othmani appelle les ministres et les hauts commissaires à faire preuve encore d’austérité et de dégager des marges d’exploitation budgétaires. Comment?

La première consigne est de ne plus programmer de nouveaux postes d’emplois pour les trois budgets de 2021, 2022 et 2023. Tous les départements sont concernés en dehors de ceux de la Santé, de l’Enseignement, de la Défense nationale et de l’Intérieur. Au sujet des budgets de fonctionnement, les départements, les établissements publics et les établissements de gestion autonome doivent se limiter aux dépenses nécessaires et urgentes.

L’austérité touche un poste budgétaire d’une extrême importance qui tire la locomotive de l’investissement privé. Il s’agit en l’occurrence de l’investissement public. Le Chef du gouvernement n’y va par quatre chemins quand il demande à ses interlocuteurs de ne programmer aucun investissement pour les années précitées en dehors des investissements en cours, ceux lancés par le Roi Mohammed VI et ceux qui bénéficient de financements étrangers, tout en donnant la priorité aux projets réalisés par des entreprises marocaines et particulièrement celles qui utilisent des produits locaux. Sur ce point, le massage est clair.

Pour pallier la fermeture de la vanne des marchés publics, M. El Othmani appelle à encourager les mécanismes alternatifs types de financements dans le cadre du partenariat institutionnel ou le partenariat public-privé.

Cette austérité extrême est certes dictée par la conjoncture morose actuelle. Mais aller jusqu’à couper à l’investissement public porte un coup sérieux à l’investissement privé et dissuadera beaucoup d’hommes d’affaires à prendre le risque d’investir dans une ambiance caractérisée par l’incertitude. La conséquence est que la relance de l’économie restera au stade du souhait.

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