Tourisme vert au maroc : L’écotourisme, une niche d’opportunités

Le Maroc dispose d’un énorme potentiel écotouristique qui doit être davantage valorisé pour attirer les touristes nationaux et internationaux. Un tourisme vert qui pourrait rapporter d’importantes devises au Royaume.

Si vous pensez que le tourisme balnéaire prend le dessus sur toutes les autres catégories, c’est sûrement parce que vous n’avez pas encore testé l’écotourisme. Tentez l’expérience et vous ne résisterez plus! D’ailleurs de nombreux touristes ont franchi le pas et ne l’ont guère regretté. Des pays comme le Kenya, la Tanzanie, ou encore le Rwanda en ont fait un véritable business vert, à travers leurs safaris. Un benchmark qui devrait d’ailleurs inspirer le Maroc, au vu de ses nombreuses potentialités dans ce domaine.

Le Royaume possède un écosystème animalier qui est certes loin de ceux de ces trois pays de l’Afrique de l’Est, mais qui pourrait séduire les passionnés d’aventure. Une richesse faunique perceptible dans les dix parcs nationaux dont dispose le Royaume, en l’occurrence Toubkal, Tazekka, Souss-Massa, Iriki, Talassemtane, Ifrane, le Haut-Atlas oriental, Al Hoceima, Khenifiss et Khénifra. Et pour mieux les vulgariser, la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) et le Département des Eaux et Forêts (EDF) ont lancé en janvier 2021, un projet de valorisation de ces lieux touristiques. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie «Forêts du Maroc 2020», lancée depuis le 13 février 2020 par le roi Mohammed VI. Selon la SMIT, «la valorisation se fera selon la vocation de chaque parc en encourageant l’investissement privé et l’accompagnement à la création de TPME (très petites et moyennes entreprises, ndlr) pour y investir et animer les circuits touristiques par de nouvelles activités selon un entrepreneuriat innovant, alliant tourisme, économie et biodiversité».

Hébergement
Qui dit tourisme rural, pense forcément à l’hébergement. Pas de soucis à se faire. Les touristes peuvent se loger dans plus de 300 gîtes ruraux classés et recensés au niveau national par le ministère du Tourisme en 2016. Un nombre qui devrait d’ailleurs augmenter vu l’engouement grandissant pour ces échappées vertes. Des établissements principalement basés dans les régions de Souss-Massa, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Marrakech-Safi, et disposant d’une capacité d’accueil de plus de 1.696 chambres, soit plus de 5.083 lits. «Nous avons accueilli des touristes venus de Casablanca, de Rabat et d’autres localités du Maroc durant les vacances d’été 2020 dans notre région, Souss-Massa. C’est une clientèle qu’on n’avait pas l’habitude de recevoir, car elle partait souvent dans des grands clubs en Espagne, en France, etc. Ces touristes souhaitaient découvrir d’autres espaces, apprécier la nature et faire des découvertes culinaires», nous avait confié Hassan Aboutayeb, consultant en tourisme durable en mai 2021. La gastronomie pourrait justement être un bon filon pour attiser l’appétit des touristiques, surtout via le couscous classé patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Entrepreneuriat vert
Outre l’aspect écologique, l’écotourisme constitue un grand pourvoyeur d’emplois dans des zones reculées souvent en proie à un chômage endémique. Juste pour avoir une idée, ses activités avaient généré 2,31 milliards de dirhams en 2015, soit 3,9% des recettes touristiques. D’après notre interlocuteur, par ailleurs fondateur de l’Ecolodge Atlas Kasbah, à Agadir, «la demande, qui était déjà perceptible avant la pandémie, s’est renforcée durant cette crise sanitaire. Nous remarquons que les Marocains sont de plus en sensibles au tourisme durable, d’où l’importance de préparer une offre adaptée dans les prochaines années pour leur permettre de profiter davantage des plaines, des montagnes, des randonnées, surf, etc.»

Le digital pourrait permettre de mieux vulgariser cette offre écotouristique. Plusieurs jeunes entrepreneurs l’ont compris, à l’image de Louba Mouna, directrice de l’association «We Speak Citizen», un collectif d’experts qui collaborent avec les associations locales dans la conception et le développement de projets à dimension sociale, environnementale, économiquement durable. On peut citer aussi Hiba Sedouane, qui propose des excursions dans les zones rurales du Royaume, par l’entremise de sa startup «Difaya», ou encore Younes Ouazri, dont l’entreprise «Ecodôme » fabrique des infrastructures touristiques écologiques. Le Centre régional du tourisme (CRT) de la région du Souss-Massa a aussi lancé, en février 2020, la plateforme digitale interactive All Souss-Massa, qui incite les citoyens de la localité à promouvoir les potentialités touristiques de la région.

De grandes entreprises marocaines encouragent également ce tourisme vert. C’est le cas du groupe Crédit agricole du Maroc qui a organisé, les 26 et 27 mai 2022 à Rabat, la première édition du concours national «Green Jobs» pour soutenir les startups marocaines vertes portées par des jeunes dans les zones rurales et montagneuses, en partenariat avec la coopération allemande GIZ et l’Agence nationale des eaux et forêts. Dix projets développés à Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra et Beni Mellal-Khénifra ont été retenus sur plus de 200 candidatures. Des projets qui portent justement sur l’écotourisme, les métiers des espaces naturels, la valorisation des ressources naturelles, mais aussi les produits du terroir et la pisciculture.

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