Le tourisme, une priorité pour le gouvernement ?

Un secteur sinistré

Le tourisme ne figure pas vraisemblablement parmi les priorités du gouvernement en cette période de crise. Le contrat-programme signé avec les professionnels s’est avéré un effet d’annonce. Une seule convention sur les 10 prévues par ce contrat a, pour le moment, été paraphée.

Le tourisme est presque à l’arrêt et les hôteliers ne voient plus le bout du tunnel. L’année 2020 est une année à oublier pour le tourisme marocain, l’un des secteurs économiques les plus stratégiques du pays et l’un des principaux viviers d’emplois du Maroc. Les fermetures d’hôtels risquent de se multiplier les prochains jours ainsi que les faillites d’entreprises opérant dans le secteur, aggravant le chômage, qui risque de dépasser le taux de 13% cette année.

Malgré la signature, en grande pompe, d’un contrat-programme avec l’Etat, les professionnels du secteur vivotent encore et ne disposent d’aucune visibilité. Ce contrat-programme a-t-il vraiment été opérationnalisé ou s’agit-il juste d’un effet d’annonce?

Contacté par nos soins, Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), ne cache pas sa grande déception par rapport au retard pris pour la mise en oeuvre de ce contrat-programme. «Rien, ou presque, n’a été fait. Une seule convention a été signée parmi les 10 prévues dans le contrat-programme, et concerne les indemnités de 2.000 dirhams versées par la Caisse nationale de sécurité sociale, outre les crédits dont on pourrait bénéficier auprès des banques. Sur ce dernier point, seule la moitié des banques jouent le jeu. Le secteur est extrêmement sinistré, on a beau crier sur tous les toits notre souffrance. Mais, apparemment, le tourisme n’est pas la priorité du gouvernement et du comité de veille économique», regrette Zelmat.

Prolongation du contrat-programme
Selon lui, dans presque tous les pays qui ont soutenu leurs opérateurs touristiques, l’Etat a octroyé des aides, notamment sur le plan fiscal. «Au Maroc, on nous a renvoyés vers les banques pour nous endetter. C’est insensé. Comment allons-nous rembourser ces crédits à partir de janvier 2021? Je ne comprends pas la logique de ce gouvernement », se demande notre interlocuteur.

Malgré sa non opérationnalisation, les professionnels demandent une prolongation du contrat-programme, surtout sur son volet indemnisation des employés du secteur. «Nous avons demandé une prolongation jusqu’à juin 2021, ou au moins jusqu’au mois de mars prochain. Mais le comité de veille économique ne nous a pas répondu», déclare Zelmat.

Après l’annonce de plusieurs campagnes de communication par l’Office national marocain du tourisme (ONMT), ainsi que la reprise des vols par des compagnies aériennes low-cost, rien n’a encore vraiment bougé. En effet, les mesures restrictives en matière de déplacements, que ce soit au niveau national ou international, sont la principale contrainte à laquelle font face les professionnels. Sans mobilité, pas de tourisme. Résultat: des transporteurs aériens low-cost ont décidé de mettre en veilleuse leur programme de vols à destination du Maroc ou ont réduit leur voilure.

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