Plus d’un siècle après, la France et l’Espagne rechignent encore à reconnaître leur responsabilité dans l’utilisation d’armes chimiques contre les populations civiles du Rif au cours de la bataille d’Anoual. Les responsables de l’Union européenne ont été invités à intervenir.
En commémoration du 102e anniversaire de la Bataille d’Anoual (20 et 21 juillet 1921) dans le Rif marocain, l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA) a adressé une correspondance aux représentants de l’UE, relative à la réparation des préjudices causés par la guerre chimique de la part de deux Etats européens, l’Espagne et la France, contre les populations civiles du Grand Rif marocain. La lettre, signée par Rachid Raha, Président de l’AMA, a été adressée à Pedro Sánchez, président du Conseil de l’Union européenne et président du gouvernement espagnol, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Charles Michel, président du Conseil européen et à Josep Borrell i Fontelles, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-président de la Commission européenne. Une copie a été également enjointe au Roi d’Espagne, Felipe VI et au Président français, Emmanuel Macron.
« A l’occasion du 102ème anniversaire de la fameuse bataille d’Anoual au nord du Maroc, j’ai le plaisir de vous adresser cette correspondance afin d’attirer votre attention sur une question essentielle, qui reste encore en suspens, en relations avec les crimes contre l’humanité lors de la Guerre du Rif, commises par deux des états de l’Union Européenne, à savoir l’Espagne et la France, par l’utilisation massive des armes chimiques, contre des populations civiles durant la Guerre du Rif entre 1921 et 1927, aux portes de l’Europe, au nord du Maroc », a écrit Rachid RAHA, Président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA)
« Crimes contre l’humanité »
Dans sa lettre, M. Raha souligne que l’Espagne, la France, et par extension l’UE, « ne pouvaient continuer à rester indifférentes et insensibles envers cette historique et tragique injustice de l’utilisation des armes chimiques contre les populations civiles du Nord du Maroc, durant les années vingt du XXe siècle ». il a rappelé que la France et l’Espagne, ont utilisé contre la population des montagnes du Rif sans défense et non combattante des armes « prohibées, comme le sont les armes chimiques, qui ont en plus des effets mutagènes et cancérigènes, comme l’ypérite ou gaz moutarde, le phosgène, le disphosgène et la chloropicrine ». Plus d’un siècle après les faits, cette requête n’a jamais trouvé une issue favorable. Cela n’a jamais découragé les populations du rif de demander réparation. L’AMA a mobilisé pour cette cause des partis politiques espagnoles.
En novembre de la même année, après l’initiative d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) portant sur un amendement de la loi de la Mémoire Démocratique, les partis catalans Junts per Catalunya (JxCat) et Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) avaient présenté ensemble une nouvelle proposition non de loi (PNL) sur le même sujet en interpellant le ministre des affaires étrangères afin de condamner l’utilisation d’armes chimiques par l’État espagnol lors de la Guerre du Rif, de reconnaître sa responsabilité et d’indemniser la région rifaine des dommages éventuels subis, résultant des attaques chimiques. Malgré cela, le président de l’ONG amazighe regrette que les deux Etats européens responsables de ce crime ne veulent pas reconnaître leur responsabilité quoique le Roi Felipe VI et le président Macron aient été contactés à ce sujet à maintes reprises.