
Outre son acquisitions aux thèses du Polisario, la députée du jeune parti de gauche Sumar est connue pour son opposition farouche au rapprochement entre le Maroc et l’Espagne.
Connue pour son soutien affiché au mouvement séparatiste du Front Polisario, Tesh Sidi a pu obtenir un siège au Congrès des députés espagnols à la suite des élections législatives anticipées du 23 juillet 2023. Originaire des camps de Tindouf, la nouvelle élue a été candidate sous les couleurs du jeune parti de gauche Sumar (constitué le 30 mai 2023), mené par la ministre du Travail de la voisine du Nord, Yolanda Díaz. Le siège de Tesh Sidi au sein de l’hémicycle fait partie des 31 remportés par Sumar, qui se classe ainsi quatrième derrière le Parti populaire (PP, 136 sièges), le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, 122) et la formation d’extrême droite Vox (33).
Outre sa promotion des thèses polisariennes, Tesh Sidi est connue pour son opposition farouche au rapprochement entre le Maroc et l’Espagne. Elle a notamment à maintes reprises donné de la voix contre le soutien du gouvernement Pedro Sanchez à l’initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend autour du Sahara. Numéro 3 de Sumar à Madrid, Tesh Sidi demeure toutefois une figure peu connue sur la scène politique nationale. Elle est née à Aousserd, l’un des camps de Tindouf, et a grandi jusqu’à l’âge de 7 ans avec sa grandmère, qui avait coutume de nomadiser entre l’Algérie et la Mauritanie. “J’ai élevé des chèvres jusqu’à ce que j’entre à l’école à l’âge de 8 ans et que je me retrouve en Espagne”, avait-elle affirmé dans une interview accordée au média espagnol El Independiente.
Accusations sans preuves
C’est son voyage en Espagne en 2003 à travers «Vacances en paix», un programme qui permet à des familles espagnoles d’accueillir des enfants marocains sahraouis de Tindouf et de les adopter, qui l’a éloignée du désert algérien. Au fil des années, elle a également pris ses distances avec sa famille d’accueil espagnole, avec un objectif clair en tête: servir la cause séparatiste. Elle s’est autoproclamée “Sahraouie anticoloniale” et elle est actuellement à la tête de Saharawis Today, un site d’information pro-Polisario.
Dès son premier jour au Congrès, elle avait annoncé la couleur en portant un t-shirt incluant les dates de la colonisation espagnole du Sahara marocain et s’attaquant avec acharnement à la nouvelle position de la Moncloa vis-à-vis de la marocanité des provinces du Sud, tout en mettant sur le tapis le soi-disant l’espionnage de M. Sanchez par le Maroc via le logiciel espion israélien Pegasus. Ce qui n’est pas passé sans accroc, puisque Sumar cherche justement à s’allier au PSOE, dont le secrétaire général n’est autre que le président du gouvernement espagnol sortant. Ainsi, Mme Díaz a publiquement critiqué Tesh Sidi pour avoir porté des accusations sans preuve à l’encontre de Rabat.
Tesh Sidi n’en reste, par ailleurs, pas moins députée espagnole et non pas “Sahraouie”. C’est par la résidence, et non en tant que «réfugiée politique» ou «demandeuse d’asile”, qu’elle avait obtenu la nationalité ibère. Quoiqu’elle adopte les thèses séparatistes, Tesh Sidi n’est, en outre, pas membre du Polisario -en tout cas pas officiellement. Quand elle se déplace à Tindouf, c’est avec son passeport rouge délivré par Madrid. Autrement, elle n’aurait pas pu se présenter au scrutin. Comme le stipule la loi outre-Gibraltar, la Commission électorale centrale espagnol (JEC) le lui aurait interdit du fait de son affiliation à une organisation armée luttant contre un gouvernement avec lequel l’Espagne entretient des relations diplomatiques.