Tentatives de fuite de devises: Le contrôle aux frontières passe au peigne fin

Le nombre en hausse des arrestations de Marocains avec d’importantes sommes en devises, au niveau de Tanger-Med et de Sebta, a alerté la Douane et l’Office des changes qui viennent de se mettre d’accord sur de nouvelles procédures de contrôle.

L’été, c’est la saison de la fuite des devises par excellence. Depuis quelques semaines déjà, le nombre des arrestations de Marocains en possession d’importantes sommes en devises, notamment au niveau des ports de Tanger Med et de Sebta, a été démultiplié par quatre ou cinq. Une hausse qui a mis la puce à l’oreille des autorités, notamment l’Office des changes, qui a adressé une circulaire à la Douane pour passer au peigne fin les opérations de contrôle classiques. La circulaire, destinée aux agents de l’Administration des Douanes et des impôts indirects (ADII), les incite à plus de vigilance lors des contrôles aux frontières. En plus du suivi par scanner, les policiers et les douaniers sont invités à contrôler individuellement et manuellement chaque voyageur et chaque véhicule.

Falsification des factures
Plusieurs personnes ont été arrêtées, ces dernières semaines, à Tanger-Med, avec d’importantes sommes en devises. Le cas d’un MRE résidant aux Pays-Bas, qui a été interpellé en possession de 12.000 euros, qu’il avait l’intention de transférer hors du Maroc, est un parmi tant d’autres. Cette somme lui a été retirée et il devra bientôt en répondre, devant la justice, sur son origine. Au Maroc, la loi est formelle: il est interdit d’exporter des devises sans l’autorisation écrite de l’Office des Changes exception faite du cas de la dotation touristique (équivalent de 40.000 dirhams par an, sauf dérogation).

Le rapport d’une organisation de transparence en date de janvier 2019 souligne que le Maroc a perdu 3,9 milliards de dollars entre 2006 et 2015. Le Maroc occupe ainsi la 34ème place parmi les 149 pays en matière de fuite de capitaux durant une décennie. Les conclusions du rapport considèrent que la falsification des factures de produits importés ou exportés, tant au niveau de la quantité que de la valeur, demeure le moyen le plus utilisé pour la fuite des devises. Un trafic qui aide au blanchiment d’argent et à dissimuler les chiffres réels des opérations commerciales légales.

Le gouvernement Benkirane avait, il y a quatre ans, lancé une campagne pour convaincre les Marocains qui possèdent des biens à l’étranger (Argent et actions) de les rapatrier au Maroc, tout en les exonérant des pénalités, sanctions, amendes ou taxes sur la sortie de l’argent, à condition de déposer dans des comptes bancaires 75% de leur argent en devises et le reste en dirhams.

Cette action, limitée dans le temps, n’a pas convaincu beaucoup de Marocains, qui continuent à être séduits par les offres des pays de l’Eldorado (Espagne, Portugal, Canada…) qui consistent à avoir la nationalité contre le placement de grandes sommes d’argent (à partir de 250.000 euros) dans le pays de destination.

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