La tempête cause l’effondrement de deux bâtisses à l’ancienne médina de Casablanca

Plus de peur que de mal!

Les fortes rafales de vent qui ont accompagné la tempête de sable qui a frappé Casablanca ont fait des dégâts. Deux maisons menaçant ruine se sont partiellement effondrées. Ce drame annuel perdurera tant qu’on n’aura pas trouvé une solution pour le relogement des habitants de ce quartier.

Le spectre de la mort plane encore sur l’ancienne médina de Casablanca. Si ce n’est pas les fortes précipitations pluvieuses qui en sont la cause, c’est une tempête de sable violente. Celle-ci a rappelé aux riverains, mardi 20 octobre 2020, les scénarios les plus morbides des effondrements de vieilles bâtisses menaçant ruine. Ce mardi, la circulation était difficile dans la capitale économique. Par manque de visibilité, le Tramway s’est arrêté pendant 30 minutes.

Comme on n’en a jamais vu depuis longtemps, les fortes rafales de vent qui ont accompagné cette tempête, qui a aussi frappé d’autres villes du Royaume, ont fait des dégâts. Comme il fallait s’y attendre, deux maisons menaçant ruine, faisant l’objet d’une décision de démolition, se sont effondrées partiellement dans ce quartier historique de la métropole, sans faire de victime. Le soir du mardi, une première bâtisse s’est effondrée dans l'ancienne médina, à Derb El Miizi plus précisément. Le lendemain, un deuxième édifice de trois étages menaçant ruine s’est affaissé. Au même quartier. Heureusement, cette fois encore, aucun blessé n’a été déploré.

Selon les témoignages des riverains, les derniers habitants des deux bâtiments avaient évacué les lieux quelques jours auparavant. Cinq des familles résidant dans ces deux immeubles ont été définitivement évacuées et trois de façon temporaire, d’après les autorités de Casa-Anfa. Par précaution, les habitants de plusieurs habitations mitoyennes en état de délabrement avancé ont préféré se réfugier ailleurs de crainte que la tempête ou les averses qui s’en sont suivies ne provoquent l’effondrement de leurs maisons. Plus de peur que de mal! Mais ce drame reviendra chaque année tant qu’une solution définitive aux malheurs des habitants de ce quartier n’aura pas été trouvée.

Des familles en danger
Pour l’histoire, le programme de relogement des habitants de l’ancienne médina s’inscrit dans le cadre du projet «Mahaj Al Malaki» (Avenue royale), mené par la Société nationale d'aménagement communal (Sonadac). Ce programme de relogement a vu le jour et profitera à pas moins de 11.278 ménages. Pour l’heure, tout bien compté, les autorités de Casa-Anfa n’ont réussi à reloger que 5.646 familles au total, grâce aux efforts conjugués des intervenants (élus et autorité locale) suivant une approche participative. Ce qui n’est pas suffisant! Car la vie de milliers d’autres familles est en danger.

L’état des habitations de ce quartier populaire de Casablanca est annonciateur d’une catastrophe imminente. Des dizaines de ménages bravent la mort chaque jour. En dépit des ordres d’évacuation prononcés par la justice, ils s’accrochent à leurs vieilles bâtisses. Non par excès de courage ou par témérité, mais parce qu’ils n’ont pas le choix, faute de moyens pour s’offrir un logement décent, ou parce qu’ils refusent d’être relogés loin à l’extrémité du quartier Lissassfa.

Autre constat dans ce quartier historique de la ville, c’est la surélévation anarchique des immeubles pratiquée depuis des années au vu et au su des agents d’autorité locale. Ces derniers années, l’hiver était une saison noire pour les habitants du quartier. Nombre d’habitations vétustes s’effondrent engendrant parfois des pertes humaines. C’est en 2013 que les effondrements ont été légion, meurtriers surtout. Puis, chaque année apportait son lot de victimes. La plupart du temps, ce sont les habitants du quartier qui, dans un geste de solidarité exemplaire, secourent les victimes et se substituent aux forces de l’ordre et aux éléments de la Protection civile du fait qu’ils se trouvent sur les lieux à temps et du fait aussi de la lenteur d’intervention des secours.

Le hic, c’est que très peu d’efforts ont été consentis pour la réhabilitation des maisons de l’ancienne médina. Le problème majeur qui va à l’encontre de l’évacuation des bâtisses menaçant ruine de ce quartier est d’ordre financier. Les habitants concernés avaient reçu un ordre d’expulsion en 2012. Et quand on les somme d’évacuer, la solution de rechange ou la proposition de relogement n’est pas adaptée aux moyens et aux revenus des ménages qui vivent (dans leur écrasante majorité) de l’informel.

Car la Sonadac, société nationale d’aménagement communal chargée de reloger les habitants dans le cadre du projet de l’Avenue royale enclenché il y a près de 30 ans, leur suggère l’acquisition d’un petit appartement à 200.000 dirhams, au quartier Nassim (Lissassfa). D’abord, ces ménages modestes n’ont pas les moyens de payer cette somme d’argent.

Une somme qui constitue à leurs yeux une petite fortune! En sus de cela, le programme de relogement propose des logements en périphérie de la ville, loin du centre-ville où ces familles ont l’habitude d’exercer des petits métiers pour subsister, sans compter les frais de transport. Au final, elles préfèrent continuer à occuper leurs maisons en étant exposées à tous les risques!.

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