Deux associations ont récemment lancé, à Marrakech, une campagne de distribution d’alarmes de poche d’aut défense à des centaines d’élèves de la région. Objectif: réduire les violences subies par les enfants.
Utiliser la technologie pour dissuader les auteurs de violences sur les enfants, c’est la trouvaille des associations Mekkil’ et Al Karam. Elles ont récemment distribué des alarmes de poche à un millier d’enfants de la région Marrakech-Safi, dans le cadre de leur initiative «Jamais sans mon alarme». Ce dispositif leur permet de déclencher une sirène de 120 décibels, audible à plus de 600 mètres, en cas de danger.
Une alerte qui pourra alerter les personnes situées dans les alentours et surtout dissuader l’agresseur. Les enfants internes et externes de l’association Al Karam, d’écoles primaires et des jeunes des «Maisons de l’étudiant» ont été les premières bénéficiaires de cette opération pilote dans la Ville ocre. «Nos deux organisations ont distribué des alarmes à des enfants dans plusieurs écoles sélectionnées par l’Ong Al Karam. Cette distribution était aussi une opportunité pour sensibiliser les élèves et recueillir leurs avis sur les violences dont ils font éventuellement l’objet. Nous en avons également profité pour organiser deux tables rondes qui ont réuni des partenaires associatifs et des autorités compétentes, ainsi que les parents d’élèves, qui ont un rôle crucial à jouer en la matière», nous confie Myriam L’Aouffir, vice-présidente de l’association Mekkil’.
D’après les deux partenaires, ce projet, lancé à l’occasion de la Journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression, célébrée le 4 juin, vise à protéger les enfants contre les risques d’agression, à attirer l’attention de la société, à créer chez les parents un sentiment de quiétude sur leurs progénitures. C’est aussi, selon elles, une stratégie dissuasive pour lutter contre la maltraitance à leur égard.
Victimes innocentes
La violence infantile demeure malheureusement une triste réalité sous nos cieux. 6.291 personnes ont été poursuivies pour 5.650 affaires en 2019 au Maroc, selon un rapport de la présidence du ministère public. La majorité, soit 5.402, sont des hommes adultes, contre 453 femmes, et 58% des enfants victimes de ces violences sont des filles. Les actes entraînant une incapacité temporaire (1.429 cas), l’attentat à la pudeur avec violence (1.349) et l’abandon d’enfant (1.007) sont les cas les crimes les plus répandus, d’après le ministère, qui précise que plus de 76% des auteurs de violences n’ont aucun lien familial avec les enfants.
Ce document nous révèle que les violences commises par les proches (père, mère, frère et soeur ou conjoint) constituaient 23,19% de la totalité des actes de violences subis par les enfants. Concrètement, sur la liste des personnes poursuivies, 1.459 sont membres de la famille des victimes, avec des pourcentages respectifs de 89,17% de pères. «Peu importe leur nature, leurs objectifs ou encore le degré de gravité, les violences faites aux enfants constituent une violation des droits humains et représentent un indicateur de la régression des valeurs sociales au niveau de l’éducation et du développement», indique le rapport.
Pour rappel, l’article 408 du Code pénal marocain stimule que les coups et blessures volontairement portés à un enfant âgé de moins de quinze ans, ainsi que «toutes autres violences ou voies de fait à l’exclusion des violences légères» sont passibles d’un à trois ans d’emprisonnement. L’article 411 du même code va même plus loin en indiquant que cette peine peut même aller jusqu’à cinq ans «lorsque le coupable est un ascendant ou toute autre personne ayant une autorité sur l’enfant ou ayant sa garde».