DU TARÉ AU POUVOIR

De quelles mouches des peuples en situation apocalyptique sont-ils piqués au point de mettre leur destin aux mains d’extravagants tout en sachant qu’ils leur manquent le boulon principal ?

Dans l’histoire de nations, il y a eu des chefs d’État, des présidents et des empereurs qui ont perdu la boule en confiant leurs décisions à la boule de cristal, à leur lien direct avec l’au-delà ou pire à leur animal de compagnie. Caligula, empereur romain de l’an 12 après JC aurait fait de son cheval Incitatus un consultant, un sénateur et un consul. L’histoire ne dit pas si les émoluments de cet excentrique consul à quatre pattes étaient versés en herbe fraiche ou en or fin destiné à la subsistance de l’empereur. Si Caligula prenait conseil auprès de son cheval pour les affaires de l’empire, c’était aussi pour ridiculiser les sénateurs et les élus et montrer que leur participation à la gouverne ne valait pas plus que ce que pourrait faire un animal. L’insinuation aurait été de meilleur bât si Caligula avait privilégié un âne au lieu d’un cheval.

Plus tard, Néron se considérait comme dieu et exigeait d’être vénéré en tant que tel. Il consultait ses astrologues, pratiquait la magie et jetait des sorts pour déterminer le destin des romains, influencer le cours des évènements et nuire à ses ennemis. Plus près de nous Abraham Lincoln, 16ème président des États- Unis consultait les mediums et les esprits pour communiquer avec l’au-delà. Winston Churchill croyait aux fantômes.

François Mitterrand, Président français de culture et d’intellect de l’ancien moule perdu des présidentiables en France, avait une ferme croyance en des forces non conventionnelles pour prendre ses décisions politiques. Son intérêt pour les pratiques ésotériques avait fait de sa voyante d’Élisabeth Teissier une figure emblématique de l’époque. Maintenant qu’on a charrié ces pratiques à travers les âges, qu’en est-t-il pour aujourd’hui ? Javier Milei, le président argentin nous choie chcichement en la matière.


Milei, catholique invétéré et adepte d’un judaïsme messianique se prend pour Moïse. On l’avait vu pleurer face au mur des lamentations et se retourner pour tomber dans les bras de son rabbin, guide spirituel et ambassadeur Axel Wahnish. Un conseiller qui lui conseille ce que veut Israël. En 2021, le rabbin avait prédit à Milei qu’il allait diriger un mouvement de libération de l’Argentine. Du coup, Milei s’est mis à étudier la Torah sous la supervision de Wahnish et fracasse l’actualité politique du pays en créant son parti Libertad Avanza. A peine deux années plus tard, il est élu président de l’Argentine.

Son discours présidentiel fut prononcé le 10 décembre 2023, une date qui coïncide singulièrement avec Hanoukka, fête juive de la lumière. Le journaliste politique Juan Luis Gonzalez dans son livre, « El Loco » (Le fou), explique qu’au commencement il y a eu son chien Conan, un mastiff anglais de 70 kilos qu’il considérait comme son fils au point de le nommer Conan Milei. Conan tombe malade et décède. Melei, ébranlé, fait appel à un medium spécialisé dans la com inter-espèces pour communiquer avec son chien.

Il est tellement impressionné par cette connexion qu’il crée une religion obscure : « l’adoration de Conan » et clone son chien en 5 exemplaires nommés Muray, Milton, Robert et Lucas en hommage aux économistes préférés de Milei. Les clones de Conan assistent aux assemblées et réunions politiques ou ils sont consultés par Milei chacun selon sa spécialité. Leurs avis comptent plus que ceux des congressistes et des élus. De quelles mouches des peuples en situation apocalyptique sont-ils piqués au point de mettre leur destin aux mains d’extravagants tout en sachant qu’ils leur manquent le boulon principal ? Il est vrai que le désespoir conduit souvent aux choix irrationnels.

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