Le NYT publie un article intitulé « Pager explode across Libanon in apparent attack on Hezbollah » qui décrit une série d’explosions coordonnées à travers le Liban causant morts et blessures. Ces explosions ciblaient principalement les membres du Hezbollah via des pagers trafiqués. Les explosifs avaient été dissimulés dans les pagers au cours du processus de fabrication à Taïwan, avant leur livraison au Liban. Les explosifs contenus dans les pagers auraient été déclenchées à distance par un message déguisé en communication interne du Hizbollah.
11 personnes, dont huit combattants du Hezbollah, ont été tuées et des milliers d’autres blessées, parmi lesquelles l’ambassadeur d’Iran au Liban, qui a perdu un oeil. Le Hizbollah accuse Israël d’être à l’origine de l’agression. Israël n’a fait aucun commentaire officiel sur cette opération. Ces attaques s’inscrivent dans l’élargissement du conflit israélo-palestinien par l’intégration du Hizbollah, sous-traitant armé de l’Iran, dans l’engrenage de la guerre contre le Hamas. Le Hizbollah tirait des roquettes sur Israël par solidarité avec le Hamas. Avec cette attaque, le conflit menace de dégénérer en guerre totale avec l’engagement des forces terrestres. Cette opération montre la vulnérabilité du Hizbollah due à sa dépendance aux pagers, après que son leader Hassan Nasrallah, ait limité l’utilisation des téléphones portables par crainte de surveillance israélienne.
Le groupe s’était alors appuyé sur les pagers pour éviter d’être détecté par les services israéliens. L’attaque a exploité cette dépendance pour frapper la capacité de communication du Hizbollah. La taille et la puissance des explosions témoignent d’un haut niveau de sophistication qui accentue la vulnérabilité du Hezbollah. Les pagers impliqués provenaient principalement de la société taïwanaise Gold Apollo. Une double infiltration de la chaine logistique du Hizbollah et du fabricant taïwanais serait à l’origine de l’opération d’introduction des explosifs dans les pagers avant leur livraison au Liban.
Les explosions n’ont pas seulement causé des pertes humaines, mais elles ont gravement perturbé l’infrastructure de communication du Hizbollah. L’impact psychologique sur le public libanais et les forces du Hizbollah est considérable. L’attaque a montré qu’Israël a la capacité de pénétrer des moyens de communication réputés sécurisés. Ce qu’il y a de surprenant dans cette opération, c’est que le Hizbollah ait pu se faire livrer des pagers trafiqués par des tiers, compte tenu de l’importance qu’il accorde à la sécurité et à la confidentialité de ses communications.
Comment expliquer une telle bourde ? Il semble incroyable que le Hezbollah, connu pour l’importance qu’il accorde à la sécurité de ses communications, ait pu recevoir des pagers piégés. Cette faille pourrait s’expliquer par une confiance excessive envers le fournisseur, la dépendance aux dispositifs non-électroniques, et surement des erreurs humaines et un manque de vigilance opérationnelle.
En tout cas, cette opération israélienne souligne à quel point l’espionnage et la guerre électronique sont étroitement liés dans des tactiques sophistiquées. La capacité d’infiltrer des chaînes d’approvisionnement étrangères et d’exploiter la confiance dans des technologies jugées sûres met en lumière les nouveaux défis que doivent affronter les groupes et les gouvernements. Le profil du « bon flic » d’aujourd’hui ne se limite plus à détecter les magouilles publiques, mais se déploie dans le génie technologique.