12 cas de suicide à Chefchaouen en moins de trois mois

"La perle bleue" compte ses victimes

Quatre suicides en une semaine et douze depuis le début de l’année 2021. Un chiffre alarmant qui tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes dans une ville paisible comme Chefchaouen. Le plus inquiétant demeure le suicide des adolescents.

C’est un phénomène incompréhensible qui prend de l’ampleur! Depuis le début de l’année 2021, la province de Chefchaouen vient d’enregistrer son 12ème cas de suicide. Lundi 15 mars 2021, un élève âgé de 16 ans s’est donné la mort par pendaison dans la maison familiale, située au Douar Bouharma, commune de Ouezgan. Trois jours auparavant, le vendredi 12 mars, un homme âgé de 42 ans, père de cinq enfants, a été découvert pendu, corps sans âme, à un olivier à l’entrée de la mosquée du douar Achchafra, au quartier Bab Taza, commune de Beni Saleh. La victime n’a laissé aucune trace écrite ou autre pour expliquer son acte suicidaire.

La veille, la même localité avait été secouée par le suicide d’une femme âgée de quarante ans et mère de cinq enfants qui a mis, de la même manière, un terme à ses jours, dans la commune de Bastihat. Ce n’est pas tout. Le mercredi 10 mars, un jeune de 20 ans a mis fin à ses jours au village de Taria, commune de Beni Salmane. Le grand mystère pour les familles et l’entourage des défunts, c’est la cause indéterminée de ces suicides.

Bref, quatre suicides en une semaine et douze depuis le début de l’année. Un chiffre alarmant qui tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes dans une ville paisible. Mais le plus inquiétant demeure le suicide d’élèves. La ville a enregistré 28 cas de suicide en 2017, 30 en 2018, et presque autant en 2019. Mais en ces temps de pandémie, la cadence des cas de suicide a atteint une vitesse jamais égalée. En moins de trois mois, 12 cas. A ce rythme, cette année 2021 connaitra un chiffre record de suicidaires. En général, la province enregistre chaque année le plus grand nombre cas de suicide.

Sonnette d’alarme
Selon des enquêtes menées par des ONG locales, plusieurs facteurs expliquent cet acte de désespoir. Cela va de l’échec scolaire (pour les adolescents) à de graves troubles mentaux jusqu’aux grandes difficultés financières ou à trouver un emploi. L’Observatoire du nord des droits de l’Homme a publié un communiqué dans lequel il attire l’attention des autorités sur le fléau du suicide dans la province de Chefchaouen.

L’ONG a dénoncé le silence et l’indifférence des autorités locales et des conseils des communes tout en soulignant que la première cause demeure la morosité économique de la région. Elle a ajouté qu’en dehors de la culture du cannabis, qui a connu une dégringolade ces dernières années, et l’absence d’alternative proposée par l’Etat, la situation a enfanté plusieurs phénomènes sociaux comme la hausse des cas de divorce, l’addiction à la drogue et le suicide.

En sus de ce marasme économique, l’absence d’infrastructures de loisirs, de distractions, de culture et d’activités artistiques, nourrit chez les adolescents et les jeunes en particulier un sentiment d’abandon, de délaissement et d’enfermement. Aussi, un grand nombre d’entre eux consomment du cannabis. Etant facilement accessible dans leur ville et leur région en général, le cannabis est consommé sans modération par les habitants de la ville. Il est connu que cette drogue pousse au suicide.

Par ailleurs, l’absence de centres médico-psychologiques au niveau de la ville favorise ainsi les maladies psychiatriques et et les tendances suicidaires chez les personnes fragiles et déprimées. Somme toute, même en connaissance de cause, ces ONG manquent de moyens pour faire face à ce phénomène qui touche de plus en plus de jeunes, en l’absence d’une réaction du gouvernement.

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