Tajeddine Houssaini : "Le Maroc est en droit de dénoncer les accords sur les frontières avec l'Algérie"


En signant des conventions avec une entreprise chinoise pour l’exploitation des mines de Gara Jebilet, l’Algérie viole les accords signés avec le Maroc en 1972 prévoyant le partage de cette richesse.

L’Algérie a annoncé avoir signé un accord avec la Chine pour débuter l’exploitation des mines de fer de Gara Jebilet. A qui appartient d’abord cette région ?
La région de Gara Jebilet, tout comme Leknadssa, Hassi Baida ou encore Hassi Massaoud sont à la base des territoires marocains, tout comme le reste du Sahara oriental. C’est dans les années trente du siècle dernier que la France a tracé les frontières Est du Maroc et a « offert » ces vastes régions à la future Algérie, à l’époque département français.

Mais il y a eu les accords entre le Maroc et l’Algérie en 1972. Pourquoi le problème n’a pas été réglé ?
Il y a d’abord les accords d’Ifrane de 1969 sur le tracé des frontières, puis ceux de 1972. A cette date d’ailleurs, la convention bilatérale sur l’exploitation des mines de Gara Jebilet a été ajoutée aux divers accords bilatéraux concernant les frontières. Cette convention prévoit une exploitation maroco-algérienne des richesses de Gara Jebilet, l’exportation du fer par les ports marocains de l’Océan Atlantique, notamment celui de Tarfaya, la création d’un village ouvrier à la frontière entre les deux pays… Et bien entendu le partage équitable du produit de l’exploitation du fer. Il ne faut pas oublier que les mines en question renferment la plus grande réserve mondiale de fer et que l’Algérie n’a ni les moyens ni le savoir-faire pour l’exploiter seule. Les accords bilatéraux prévoient aussi la mise sur place d’une société commune maroco-algérienne pour la gestion des mines.


Pourquoi le Maroc a-t-il fait toutes ces concessions à l’Algérie dont on sait depuis des décennies qu’elle ne nous veut pas du bien ?
SM Hassan II avait toujours défendu l’idée qu’avec les voisins l’Algérie et la Mauritanie, qui sont arabes et musulmans, il valait mieux régler les conflits hérités de la colonisation par le dialogue et par le développement commun des régions frontalières. Il considérait cette option comme la seule permettant au Maghreb de décoller. Ce n’est pas le tracé au stylo sur une carte qui peut changer la relation entre la population marocaine et algérienne. Pour SM Hassan II, il n’était pas question de soulever ce problème au tout début de l’indépendance de l’Algérie. Tout comme son père SM Mohammed V qui avait refusé de négocier avec la France le statut de ces régions préférant régler la question avec les Algériens une fois leur indépendance proclamée. Malheureusement, la direction du FLN n’a pas tenu parole et dès les premiers mois de la mise sur place de l’Etat algérien le Maroc a été érigé en pays duquel il faut se méfier, voire un ennemi.

Pourquoi le Maroc n’a pas posé le problème du Sahara oriental devant l’OUA ?
A sa création en 1963, avec le Maroc comme l’un des pays fondateurs, l’OUA a adopté le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Ce principe, le Maroc ne l’a jamais accepté et a émis des réserves sérieuses à son sujet. C’est un principe qui va à l’encontre des idées fondatrices de l’OUA par les pères libérateurs du Continent. Le Maroc comptait sur la bonne foi et la compréhension de ses voisins. Hassan II nourrissait l’idée de pouvoir créer des espaces de développement commun dans les régions frontalières. Et au lieu que les frontières soient une source de conflit, elles deviennent un facteur clé d’un avenir commun. Malheureusement, les Algériens ont une autre vision des choses.

Maintenant que l’Algérie tente de forcer le passage, comme on dit, que peut faire le Maroc ?
En agissant de la sorte, en signant des accords avec les Chinois pour exploiter seule les mines de Gara Jebilet, l’Algérie viole les accords concernant les frontières avec le Maroc. Notre pays est en droit maintenant de dénoncer lesdits accords et de réclamer les régions formant le Sahara Oriental. C’est qu’en droit international, lorsqu’une partie ne respecte pas ses engagements contractuels, l’autre partie peut elle aussi considérer le contrat en question comme étant nulle et non avenue. Le Royaume peut de plein droit saisir les instances internationales dans ce sens.

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