Sommet Arabe : Alger cherche à se refaire une "virginité diplomatique"

Alger veut juste sauver la face et tirer bénéfice de l’organisation de ce Sommet. Elle a invité officiellement le Maroc.

À moins de deux mois de la tenue du Sommet de la Ligue arabe, prévu le 1er novembre 2022 à Alger, les locataires du palais d’El Mouradia continuent de subir les pressions des Etats arabes, notamment du Golfe, et de faire des concessions afin de montrer patte blanche vis-à-vis, notamment, du dossier du Sahara marocain. Mercredi 14 septembre 2022, le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a affirmé, dans une interview, que les pays arabes ne doivent en aucun cas traiter avec les organisations terroristes et les milices armées et doivent préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays.

Il ne fait pas uniquement allusion au Maroc, sur lequel l’establishment algérien s’acharne en continu, mais aussi et surtout à l’Égypte, qui entretient des relations crispées avec l’Algérie depuis que cette dernière a développé son partenariat avec l’Éthiopie, en conflit avec l’Égypte à cause du Nil, ce qui a poussé le président algérien Abdemadjid Tebboune à dépêcher en urgence son chef de la diplomatie au Caire pour inviter Al-Sissi. Le message du président égyptien est on ne peut plus clair pour la junte militaire algérienne, qui veut passer pour un Etat qui aspire à l’unité et à la coopération interarabe alors qu’en vérité, elle ne cherche qu’à diviser.

Les généraux algériens ont acheté les services du président tunisien pour réserver le 26 août à Tunis un accueil officiel au chef du mouvement séparatiste en contrepartie des pétrodollars. Dans le dossier libyen, l’Algérie soutient ouvertement le gouvernement de Tripoli afin de semer la zizanie entre les protagonistes, ne serait-ce que pour contrer l’initiative de la diplomatie marocaine qui a abouti aux accords et aux compromis prometteurs de Skhirat et de Bouznika.

En sus de cela, la répression en interne a fait perdre à l’Algérie du terrain et du respect sur l’échiquier politique international. C’est pourquoi elle a besoin de ce Sommet arabe pour redorer son blason. Pour cela, elle a déjà fait des concessions. Elle n’a pas convié le Polisario à prendre part à un forum consacré à l’examen des missions de la société civile dans la région arabe. Sur la liste des participants, diffusée par l’APS, la «république arabe sahraouie démocratique (RASD)» n’y figure pas. L’événement, organisé sous l’égide du ministère algérien des Affaires étrangères, a été inauguré dimanche 11 septembre 2022 à Oran. Cette concession n’est pas la première et n’en sera pas la dernière.

Lors de la session du 6 septembre du conseil exécutif de la Ligue arabe, Alger ne s’est pas opposée quand le comité ministériel arabe chargé de l’action pour faire cesser les mesures israéliennes à Al-Qods occupée a salué les efforts constants entrepris par le Roi Mohammed VI dans la défense de la ville sainte d’Al- Qods. Alger a même accepté la condamnation du soutien armé de l’Iran aux milices du Polisario. Deux points qui devraient figurer sur la Déclaration d’Alger, sanctionnant le prochain sommet. Ce n’est pas tout.

Elle a fait d’autres concessions au Caire au sujet de l’ordre du jour du prochain sommet. Elle s’est vu imposer de faire impasse d’évoquer des dossiers comme la réintégration de la Syrie dans le concert arabe, le conflit libyen, la guerre au Yémen, qui se poursuit depuis 2015 entre la coalition arabe et Téhéran par procuration, ou encore la normalisation de certains pays arabes avec Israël. Ce qui revient à se demander de quoi sera fait le menu du prochain Sommet arabe. En tout cas, Alger veut juste sauver la face et tirer bénéfice de l’organisation de ce Sommet.

Elle a invité officiellement le Maroc. La présence du Roi Mohammed VI est pour elle une question gênante. S’il vient, cela donnera une forte visibilité à ce grand rassemblement des Etats arabes et incitera beaucoup d’autres chefs d’Etat, particulièrement ceux des monarchies du Golfe, à être de la partie. Si le Souverain ne participe pas, la communauté internationale conclura que ce Sommet d’Alger n’a rien de fédérateur avec l’absence d’un pays important comme le Maroc qui a tant subi les provocations et les campagnes de propagande orchestrées par l’Algérie contre son intégrité territoriale et sa stabilité. Viendra ou viendra pas? Cela reste du ressort de la simple spéculation, malgré les “prophéties” de certains médias, car personne ne peut avoir des informations de première main sur les activités royales.

Articles similaires