LE SOLDE BUDGÉTAIRE POURRA-T-IL SORTIR DE LA ZONE ROUGE?

IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE SUR LES FINANCES PUBLIQUES

Hors Fonds Covid-19, le déficit explose à 43,6 milliards de dirhams. La seule bouée de sauvetage sera-t-elle, alors, la reprise de l’activité économique?

La crise économique et sanitaire liée à la propagation du Coronavirus sera très coûteuse non seulement pour le secteur privé mais aussi pour l’Etat, dont le budget a du mal à équilibrer ses comptes. En effet, selon la dernière situation provisoire des charges et des ressources du Trésor, les recettes ordinaires ont baissé à fin mai 2020 de 9,4 milliards de dirhams, soit moins 10%, alors que les dépenses ordinaires ont augmenté de 9,8 milliards de dirhams, soit 10% de plus. Résultat: un solde ordinaire qui vire au rouge, passant de plus 2 milliards de dirhams à moins 17 milliards de dirhams. Compte tenu d’un solde des comptes spéciaux du Trésor (CST) en hausse à 18,5 milliards de dirhams, en raison de l’excédent du Fonds Covid-19 (18,1 milliards de dirhams), le déficit budgétaire ressort à 25,5 milliards de dirhams, en hausse de 31%, ou de 6 milliards de dirhams.

Baisse généralisé
Hors Fonds Covid-19, le déficit explose à 43,6 milliards de dirhams, ou plus de 24 milliards de dirhams, soit une hausse de 124%. La crise et le confinement ont, ainsi, porté un coup dur aux finances de l’Etat à fin mai 2020. Avec des recettes d’impôts qui ont chuté et des charges, notamment de fonctionnement, qui n’ont fait qu’augmenter, le déficit budgétaire ne pouvait que s’aggraver. Ceci à un moment où l’investissement budgétaire n’a fait que reculer: moins de 11%, soit l’équivalent de 3,4 milliards de dirhams. Le département de Mohamed Benchaâboun explique ce recul par principalement les transferts en raison de la limitation des autorisations d’engagements en anticipation de la loi de finances rectificative de 2020. En effet, côté recettes fiscales, la baisse est de l’ordre de 8,9 milliards de dirhams.

La baisse a touché tous les impôts. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en tête, avec une baisse de 2,5 milliards de dirhams, suivie de l’impôt sur le revenus (IR), de 2 milliards de dirhams, de la taxe intérieure de consommation (TIC), d’un montant équivalent. Les droits d’enregistrement et de timbre ne sont pas en reste, avec une baisse de 1,4 milliard de dirhams. Même l’impôt sur les sociétés (IS), payé sur la base des résultats 2019, a connu une légère baisse de 682 millions de dirhams.

Baisse du niveau d’activité, report des échéances fiscales, chute de la consommation, recul des transactions immobilières…, plusieurs facteurs expliquent ce résultat. En face, les dépenses ordinaires ont augmenté de 10%, ou 9,8 milliards de dirhams, exclusivement en raison de la hausse de la masse salariale (+5,4 milliards de dirhams) et des dépenses en biens et services (+4,5 milliards de dirhams). Avec la fin du report de certaines recettes et, surtout avec la fin du confinement et la reprise de l’activité économique, les recettes de l’Etat ne peuvent que reprendre leur souffle. Le déficit du budget pourra alors sortir de la zone rouge. Du moins l’espère-t-on.

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