Silence, les partis politiques se réveillent à peine !

COVID-19 ET ÉCHÉANCES ÉLECTORALES

Ironie du sort. Les partis politiques, qui étaient aux abonnés absents depuis le début de la pandémie, demandent aujourd’hui une subvention supplémentaire pour “encadrer les citoyens” et le vote obligatoire pour lutter contre la désaffection politique.

Les partis politiques se réveillent, petit à petit, pour faire des propositions avant de retourner dormir. Ceux de l’opposition, en l’occurrence le PPS, le PAM et l’Istiqlal, ont organisé mercredi 22 juillet 2020, une conférence de presse pour présenter leur mémorandum conjoint relatif au processus électoral. L’une de leurs principales propositions fut une demande d’augmentation des subventions publiques. Pour quoi faire? Pour encadrer les citoyens.

Comme si ces partis et d’autres le font vraiment. Si l’Etat devait céder à leur requête, il serait mieux que cet argent soit destiné à encadrer les dirigeants et les cadres de ces partis politiques et leur apprendre que le but de l’exercice de la politique est de gouverner dans le but de servir les intérêts du pays et des Marocains en premier lieu et non pas les intérêts de leur parti et d’eux-mêmes. D’autres partis, de la majorité notamment, continuent de pousser vers l’adoption du vote obligatoire. La piètre prestation du gouvernement El Othmani et les faibles résultats obtenus jusqu’ici (même avant l’avènement du Covid-19) autant sur le plan économique que social, font monter d’un cran une appréhension ancienne mais encore d’actualité: l’électorat sera-t-il au rendez-vous des échéances électorales de 2021?

Dans la sphère politique comme dans les arcanes de l’Etat, à un an du rendez-vous électoral de 2021, c’est un sujet de grande préoccupation. Les dernières échéances (élection des membres de la Chambre des représentants en 2016) avaient été marquées par un taux de participation très faible: sur plus de 15 millions d’inscrits aux listes électorales, seulement 43% se sont rendus aux urnes. Un chiffre en baisse par rapport aux législatives de 2011 (56%). C’est l’évidence même: la confiance est rompue entre électeurs et partis politiques qui brillent soit par leur inaction ou par leur faible positionnement par rapport à des questions sensibles au sujets desquels ils sont attendus par les Marocains.

C’est ainsi donc que l’hypothèse du vote obligatoire est reposée comme sujet de débat après une toute dernière vaine tentative en septembre 2019. Début juin 2020, l’ex-ministre de la Justice et membre du bureau politique du RNI (Rassemblement national des indépendants), Mohamed Aujjar, a demandé à réfléchir sur l’hypothèse du vote obligatoire. Cette hypothèse avait été déjà défendue par l’Istiqlal et l’USFP (qui vient de changer d’avis) en 2015, puis évoquée par des partis de la majorité à l’approche des législatives de 2016.

Et il n’y a pas que les partis que cette question inquiète. Courant 2019, le ministère de l’Intérieur et différents partis ont tenu quelques réunion pour examiner cette question en vue de l’instauration d’une forme de vote obligatoire. Dans la Constitution de 2011, «le vote est un droit personnel et un devoir national». Une formulation qui consacre une obligation morale. Mais que les partis politiques, faillibles par rapport à leur mission première d’encadrement et de mobilisation des citoyens, veulent rendre légale.

La désaffection politique, notamment chez les jeunes, est croissante. Et l’écart, devenu abyssal, entre les électeurs et leurs «représentants», se creuse davantage. Il y en a qui doivent revoir leur copie avant qu’il ne soit trop tard.

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