La sextorsion fait des ravages au Maroc


1000 extorqueurs arrêtés à l’issu de l’année 2017


La cybercriminalité compte un mauvais venu. La sextorsion. Un bas procédé qui entend soutirer de l’argent ou des faveurs sexuelles à une victime dont on détient des photos ou des vidéos à scandale.

Extorquer de l’argent moyennant des photos ou vidéos faisant matière de sexualité ou de nudité compte désormais 1.000 cas enregistrés au terme de l’année 2017 par les services de la DGSN. Une pratique qui a désormais son néologisme aujourd’hui et qu’on appelle «sextorsion». Les victimes de ce procédé, dupes de la mauvaise foi de leurs maîtres-chanteurs derrière leurs écrans, se laissent aller à des postures souvent dans le plus simple appareil pour ainsi donner dans le panneau et se voir extorquer de l’argent contre une éventuelle mise en ligne de leur bavure. Les sites de rencontres servent souvent d’attrape-nigauds pour ce faire.

Des hommes sans scrupules usurpant ainsi une identité féminine pour aguicher d’abord, demander des faveurs ensuite. Une technique courante, qui soutire des captures d’écran scandaleuses pour ainsi les traduire dans un contenu vidéo prêt à circuler sur les réseaux sociaux.

Un gagne-pain à moindre effort
La victime se voit dans un premier temps envoyer un lien privé qui risque de tourner public si la rançon n’est pas acquittée. De peur de devenir la risée de tout le monde, la victime, désormais à la merci de son maître-chanteur, cède dans un mouvement de panique. Les extorqueurs misent pour cela sur des clients à sous, vulnérables, qu’ils pompent à volonté. Car le chantage ne manque de se faire à répétition, relayé par des camarades faisant partie du réseau.

Oui, un réseau, car ces arnaqueurs n’hésitent pas à s’organiser en bande pour fructifier leur business. Un gagne-pain à moindre effort. Selon des journaux britanniques, notamment The Sun, une ville marocaine a été nommée la capitale de l’extorsion, il s’agit de Oued Zem. Selon The Sun et Daily Mail, 3.000 escrocs habiteraient cette ville de 130.000 habitants. Un nombre record. Rajoutant que ses activités rapporteraient jusqu’à 700.000 DH à ces bandes. Des individus prêts à apprendre l’anglais rien que pour cibler des clients plus friqués. Selon la même source, 360 maîtres chanteurs auraient été arrêtés dans cette ville en 2017.

Un autre type de sextorsion est moins de nature pécuniaire que sexuelle. Il s’agit d’exiger des faveurs contre la non-diffusion de photos ou vidéos à scandale. Croire que céder à la tentation est la seule chose qui vaille est une erreur grossière. Quoiqu’il subsiste un vide juridique par rapport à ce type d’extorsion, il demeure que le chantage tombe sous le coup de la loi. Une amende de 20.000 à 50.000 Dh est exigible à tout malfrat, doublée d’une peine de 2 à 5 ans de prison.

S’Il subsiste un obstacle de taille, faisant entrave à une éventuelle dénonciation, c’est bien l’article 490. Un article qui stipule que toute relation sexuelle hors mariage est punie par la loi. Un cas récent, datant février 2018; a voulu qu’une étudiante casablancaise de 27 ans soit victime de son ex-compagnon qui la menaçait de fuiter ses photos si jamais elle ne cède pas à ses caprices. A son refus, le maître-chanteur envoie ses photos compromettantes à ses proches. Son image est ternie. Ayant porté plainte, la brigade locale de cybercriminalité arrête l’escroc. Sauf, que la fille est elle-même poursuivie en état de liberté en vertu de l’article 490. Titubant entre la peur et le besoin de justice, les victimes, à qui on reproche souvent leur bêtise, se voient des fois devoir choisir entre la peste et le choléra.

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